Rendez-vous

07/11/2025

09:15 12:30

Silos disciplinaires et méthode scientifique | Thierry Paquot & Fanny Lederlin

Conférence

Paris

2025-11-07 09:15 2025-11-07 12:30 Europe/Paris Silos disciplinaires et méthode scientifique | Thierry Paquot & Fanny Lederlin Sorbonne Université, Faculté des Sciences et Technologies, UFR Chimie, iMAT, laboratoire SIMM, Equipe de Chimie des Polymères Les étudiantes et étudiants de l’UE 5CI015 Analyse du Cycle de Vie pour une approche éthique des sciences et technologies de Master (et leurs enseignantes) vous invitent à un cycle de conférences/débats, pour faire dialoguer sciences « dures » et sciences sociales et humanités afin de mener une réflexion sur nos besoins et du rôle du scientifique dans la transformation de la société. Ces conférences sont ouvertes à toutes et tous. Programme Géohistoire des disciplines et transedisciplinarité, par Thierry Paquot D’où viennent les connaissances ? Qu’appelle-t-on penser ? Qu’est-ce qu’une méthode ? Voilà des questions essentielles que la philosophie traite différemment depuis sa naissance dans la Grèce antique où le savoir vise l’unité. Si les « arts libéraux », au Moyen Âge, distinguent trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) et quadrivium (arithmétique, géométrie, musique et astronomie), les Encyclopédistes les entrelacent afin de disposer d’un savoir le plus complet possible, mais les Lumières vont aussi donner naissances aux « disciplines » universitaires qui perdurent encore et viennent compartimenter les connaissances. Cette spécialisation est dorénavant remise en cause, notamment par les nouveaux enjeux environnementaux qui considèrent que tout est lié. À l’image de la connaissance en arbre, avec ses racines et ses embranchements, se substitue celle du rhizome, sans origine et sans fin...  Thierry Paquot, philosophe, professeur émérite des universités, raconte la naissance des disciplines de la fin du XVIIIe siècle à nos jours, s’inspirant aussi bien de Georges Gusdorf que de Michel Foucault, de Gilles Deleuze et Félix Guattari que des écoféministes (Carolyn Merchant et Ariel Salleh). Il invite à une désoccidentalisation et à une écologisation de la pensée qui s’appuie sur la transedisciplinarité (se laisser déposséder de sa discipline par une autre, comme lors d’une transe, afin de renaitre autre), sur « les épistémologies du sud » que révèle Boaventura de Sousa Santos et sur l’écologie comme méthode entendue comme processus, interrelation et transversalité. OuvragesIl a expérimenté cette manière de penser dans Désastres urbains. Les villes meurent aussi (2019), Écologie des territoires (2020) et L’Amour des lieux. Topophilie, topophobie, topocide (2025). “Logique bricoleuse” versus “logique d’ingénieur” : ou comment sortir des impasses existentielles attachées à la science moderne ? , par Fanny Lederlin La catastrophe écologique à laquelle l’humanité fait face ne questionne pas seulement les modes de production et de consommation de nos sociétés modernes : elle met en cause la manière dont nous appréhendons le monde. Depuis plus de trois cents ans triomphe une forme de pensée et d’action fondées sur l’abstraction et le calcul, que l’anthropologue Claude Lévi-Strauss a nommé « logique d’ingénieur ». À ce rapport stratégique au monde qui caractérise la science occidentale, il a opposé le rapport tactique qui fonde selon lui la « science du concret » propre aux peuples dits « primitifs » (ou « sauvages »). En méditant sur cette « logique bricoleuse », nous verrons en quoi elle pourrait s’avérer une piste intéressante pour tenter de répondre aux enjeux écologiques, mais existentiels et politiques de notre époque. Après quinze ans de vie professionnelle dans le domaine de la communication, Fanny Lederlin a repris, à l’âge de quarante ans, des études qui l’ont menée au bout d’un doctorat de philosophie politique. Aujourd’hui docteure en philosophie, elle explore les voies d’une critique « interstitielle » qui permettrait d’ouvrir des espaces de liberté et de viabilité dans un monde abîmé et dominé par des logiques instrumentales et solutionnistes. OuvragesLes dépossédés de l’open space (Puf, 2020) ; Éloge du bricolage (Puf, 2023) ; Critique en crise (Puf, 2025). Lectures recommandéesCERTEAU (de), Michel, L’invention du quotidien, 1980, 1. Arts de faire, Paris, Gallimard, 1990.DENIS, Jérôme, PONTILLE, David, Le Soin des choses. Politiques de la maintenance, Paris, La Découverte, 2022.HAN, Byung-Chul, La Fin des choses. Bouleversements du monde de la vie, 2021, trad. O. Mannoni, Arles, Actes Sud, 2022.LÉVI-STRAUSS, Claude, La Pensée sauvage, 1962, Paris, Presses Pocket, 1990.MORRIS, William, L’âge de l’ersatz, et autres essais contre la civilisation, 1878-1894, trad. O. Barancy, Paris, L’encyclopédie des nuisances, 1996. Amphi 43 - 4 place Jussieu, 75005 Paris Sorbonne Université, Faculté des Sciences et Technologies, UFR Chimie, iMAT, laboratoire SIMM, Equipe de Chimie des Polymères Silos disciplinaires et méthode scientifique | Thierry Paquot & Fanny Lederlin

Sorbonne Université, Faculté des Sciences et Technologies, UFR Chimie, iMAT, laboratoire SIMM, Equipe de Chimie des Polymères

Amphi 43 - 4 place Jussieu, 75005 Paris

 

Les étudiantes et étudiants de l’UE 5CI015 Analyse du Cycle de Vie pour une approche éthique des sciences et technologies de Master (et leurs enseignantes) vous invitent à un cycle de conférences/débats, pour faire dialoguer sciences « dures » et sciences sociales et humanités afin de mener une réflexion sur nos besoins et du rôle du scientifique dans la transformation de la société. Ces conférences sont ouvertes à toutes et tous.

Programme

Géohistoire des disciplines et transedisciplinarité, par Thierry Paquot

D’où viennent les connaissances ? Qu’appelle-t-on penser ? Qu’est-ce qu’une méthode ? Voilà des questions essentielles que la philosophie traite différemment depuis sa naissance dans la Grèce antique où le savoir vise l’unité. Si les « arts libéraux », au Moyen Âge, distinguent trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) et quadrivium (arithmétique, géométrie, musique et astronomie), les Encyclopédistes les entrelacent afin de disposer d’un savoir le plus complet possible, mais les Lumières vont aussi donner naissances aux « disciplines » universitaires qui perdurent encore et viennent compartimenter les connaissances. Cette spécialisation est dorénavant remise en cause, notamment par les nouveaux enjeux environnementaux qui considèrent que tout est lié. À l’image de la connaissance en arbre, avec ses racines et ses embranchements, se substitue celle du rhizome, sans origine et sans fin... 

Thierry Paquot, philosophe, professeur émérite des universités, raconte la naissance des disciplines de la fin du XVIIIe siècle à nos jours, s’inspirant aussi bien de Georges Gusdorf que de Michel Foucault, de Gilles Deleuze et Félix Guattari que des écoféministes (Carolyn Merchant et Ariel Salleh). 
Il invite à une désoccidentalisation et à une écologisation de la pensée qui s’appuie sur la transedisciplinarité (se laisser déposséder de sa discipline par une autre, comme lors d’une transe, afin de renaitre autre), sur « les épistémologies du sud » que révèle Boaventura de Sousa Santos et sur l’écologie comme méthode entendue comme processus, interrelation et transversalité.

Ouvrages
Il a expérimenté cette manière de penser dans Désastres urbains. Les villes meurent aussi (2019), Écologie des territoires (2020) et L’Amour des lieux. Topophilie, topophobie, topocide (2025).

“Logique bricoleuse” versus “logique d’ingénieur” : ou comment sortir des impasses existentielles attachées à la science moderne ? , par Fanny Lederlin

La catastrophe écologique à laquelle l’humanité fait face ne questionne pas seulement les modes de production et de consommation de nos sociétés modernes : elle met en cause la manière dont nous appréhendons le monde. Depuis plus de trois cents ans triomphe une forme de pensée et d’action fondées sur l’abstraction et le calcul, que l’anthropologue Claude Lévi-Strauss a nommé « logique d’ingénieur ». À ce rapport stratégique au monde qui caractérise la science occidentale, il a opposé le rapport tactique qui fonde selon lui la « science du concret » propre aux peuples dits « primitifs » (ou « sauvages »). En méditant sur cette « logique bricoleuse », nous verrons en quoi elle pourrait s’avérer une piste intéressante pour tenter de répondre aux enjeux écologiques, mais existentiels et politiques de notre époque.

Après quinze ans de vie professionnelle dans le domaine de la communication, Fanny Lederlin a repris, à l’âge de quarante ans, des études qui l’ont menée au bout d’un doctorat de philosophie politique. Aujourd’hui docteure en philosophie, elle explore les voies d’une critique « interstitielle » qui permettrait d’ouvrir des espaces de liberté et de viabilité dans un monde abîmé et dominé par des logiques instrumentales et solutionnistes.

Ouvrages
Les dépossédés de l’open space (Puf, 2020) ; Éloge du bricolage (Puf, 2023) ; Critique en crise (Puf, 2025).

Lectures recommandées
CERTEAU (de), Michel, L’invention du quotidien, 1980, 1. Arts de faire, Paris, Gallimard, 1990.
DENIS, Jérôme, PONTILLE, David, Le Soin des choses. Politiques de la maintenance, Paris, La Découverte, 2022.
HAN, Byung-Chul, La Fin des choses. Bouleversements du monde de la vie, 2021, trad. O. Mannoni, Arles, Actes Sud, 2022.
LÉVI-STRAUSS, Claude, La Pensée sauvage, 1962, Paris, Presses Pocket, 1990.
MORRIS, William, L’âge de l’ersatz, et autres essais contre la civilisation, 1878-1894, trad. O. Barancy, Paris, L’encyclopédie des nuisances, 1996.