Demeure terrestre

La permaculture, boîte à outils du biorégionalisme

Agnès Sinaï | 10 septembre 2022

Introduction

La permaculture et le biorégionalisme sont deux mouvements, deux concepts de plus en plus fréquemment cités et revendiqués par des publics très différents. Si la permaculture a d’ores et déjà envahi les librairies et les jardins, elle est aussi malmenée, réduite à des techniques de cultures agroécologiques et vidée de sa dimension politique. Tandis que le biorégionalisme, plus récemment introduit dans le monde francophone, fait doucement son chemin. Dans l’essai qui suit, Agnès Sinaï retrace leur compagnonnage en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis avant de définir la biorégion au regard de la pensée des deux fondateurs de la permaculture : Bill Mollison et David Holmgren. Si la permaculture « tend à transformer les systèmes naturels en systèmes culturels, […] le biorégionalisme transforme les systèmes culturels en systèmes naturels en intégrant les habitats humains aux échelles du vivant. »

La permaculture et le mouvement biorégional ont évolué en tandem pendant dix ans ou plus, chacun avec sa touche particulière. Un congrès international d’une semaine, Bioregionalism Rising, a été organisé en 1984 et a rassemblé plus de deux cents personnes venues de toute la planète. La même année se tenait la première convergence internationale de permaculture en Australie. En 1987, s’est tenu le North American Bioregion Congress II puis, en 1989, le troisième congrès biorégional nord-américain. En parallèle avait lieu la troisième conférence internationale de permaculture, organisée par le permaculteur néo-zélandais Michael Crofoot en 1989 en Nouvelle-Zélande. Celui-ci propose alors aux biorégionalistes un « mariage » entre permaculture et biorégions. Les deux mouvements résultent d’un souci commun pour une vie en égalité et en empathie avec le monde naturel. C’est aussi à l’occasion de cette conférence que la définition de la permaculture évolue, passant d’« agriculture permanente » à « culture permanente ». L’histoire de la permaculture est en train de se faire.

Le biorégionalisme est une composante de la permaculture : c’est une vision qui propose l’incorporation du territoire dans le milieu par un mode d’existence in situ, c’est-à-dire un repositionnement des habitats humains selon une conscience des lieux et des autres êtres vivants. Quant à la permaculture, elle est un design du milieu dont le point de départ est la mise en pratique concrète d’une réforme existentielle à travers les lieux de vie. Chaque mouvement est décentralisé et anarchiste dans son caractère. La permaculture mobilise des concepts écologiques, comme la succession et la stabilité de la diversité des espèces, dans une construction de principes de conception tels que l'emboîtement des fonctions et la création de lisières, pour développer des systèmes agricoles et culturels durables. Basée sur les systèmes naturels, la permaculture tend à être scientifique et orientée vers des objectifs. Elle tend à transformer les systèmes naturels en systèmes culturels, tandis que le biorégionalisme transforme les systèmes culturels en systèmes naturels en intégrant les habitats humains aux échelles du vivant.

La permaculture tend à transformer les systèmes naturels en systèmes culturels, tandis que le biorégionalisme transforme les systèmes culturels en systèmes naturels en intégrant les habitats humains aux échelles du vivant.

Agnès Sinaï

Marin, ouvrier, meunier trappeur, tractoriste, souffleur de verre, puis diplômé en biogéographie et maître de conférences en psychologie de l’environnement à l’Université de Tasmanie, Bill Mollison (1928-2016) a développé en 1974, avec David Holmgren, le concept de permaculture. Bill Mollison, né à Stanley, en Tasmanie, décrit ce petit village de pêcheurs, qui aurait pu exister sous la même forme au XIe siècle : « Nous n’avions aucune voiture, tout ce dont on avait besoin, on le fabriquait. Nous produisions nos propres bottes, nos propres objets en métal, nous allions à la pêche, cultivions notre nourriture, faisions le pain. Je ne connaissais personne qui vivait là-bas et qui avait un emploi, ou quelque chose qu’on puisse définir comme un emploi. Tout le monde avait plusieurs occupations.» (1) En 1978, il crée la communauté Tagari à Stanley, où il met en pratique les principes de la permaculture sur 28 hectares. Il fonde l’Institut de la permaculture en 1979.

Des « villages intentionnels »

Dans la publication collective Home ! A Bioregional Reader (1990), Bill Mollison consacre un chapitre aux « Stratégies pour une nation alternative » dans lequel il formule les ferments d’une organisation biorégionale (2). Il définit une association biorégionale comme l’association d'habitants d'une région naturelle et identifiable. Cette région est parfois définie par un bassin versant, parfois par des limites tribales ou linguistiques résiduelles ou existantes, parfois par des limites de ville, des rues de banlieue ou des districts, et parfois par une combinaison de ces facteurs. Le test pour une biorégion est d’être reconnue comme telle par ses habitants. Idéalement, la région ainsi définie peut être occupée par 7 000 à 40 000 personnes.

Dans ce texte, Mollison imagine des villages pour relocaliser les futurs réfugiés de la montée des eaux, des villages pour accueillir des habitants des bidonvilles urbains, et des villages de personnes proches par l’esprit où elles trouvent quelqu’un à qui parler et avec qui travailler. « Un village intentionnel » devrait avoir un groupe éthique biorégional acceptable par tous. L’éthique, si elle est partagée, donne de l’unité à un groupe et donne des indications sur la manière d’utiliser les ressources. Les buts d’un village de bon sens pourraient être de réduire la nécessité de gagner sa vie, de travailler localement, de produire un surplus, répondre aux besoins non matériels à travers l’éducation et l’accès à un environnement riche, instaurer un esprit coopératif. Il est probable, estime Mollison, que 30 à 200 foyers peuvent fournir ces services, surtout si des financements coopératifs sont planifiés. À partir de 100 personnes produisant un revenu, une institution financière villageoise peut être mise en place. Mais à partir de 2000 personnes, le vol et la compétition sont plus communs. « Probablement, il faut commencer doucement, à partir de trente adultes, s’orienter vers une jauge de 200 à 300 personnes et évoluer progressivement vers 500, puis engendrer de nouveaux voisinages ou des nouveaux villages. Il faut donc rechercher des alliances de 200 à 500 ménages, et se confédérer en alliances de 4000 à 7000 foyers pour partager et échanger des produits spécifiques et favoriser les mariages ouverts. « Ainsi, des villages pionniers peuvent rechercher des alliances avec d’autres pour le bien commun. » (3)

Le travail du groupe éthique biorégional est d'évaluer les ressources naturelles, techniques, de services et financières de la région, et d'identifier les zones par lesquelles les ressources (eau, sol, argent, talents) fuitent et quittent la région. Cela ouvre la voie à des stratégies d'autonomie locale. Mais celles-ci ne peuvent aboutir que si la biorégion mobilise une masse critique de personnes conscientes, capables d’acquérir des titres de propriété de la terre et partageant la même éthique, de sorte que les commerces, les marchés, les lieux de transformation, les équipements et les services deviennent rentables et accessibles. Mollison propose d’organiser l’économie autour de fiducies (trusts) financées par des dons et des bénéfices mis en commun par l’intermédiaire de fondations. Une fois les domaines d'action définis, les groupes régionaux peuvent se constituer en associations traitant de domaines spécifiques telles que des associations de consommateurs-producteurs, des sociétés de jardinage, des associations de propriétaires-constructeurs, de producteurs locaux d’énergie, de banques éthiques telles que la EarthBank Association co-fondée par Mollison en 1983 ou aujourd’hui la NEF en France. Et ainsi de suite pour l'artisanat, la musique, les marchés, le bétail, l'étude de la nature ou tout autre intérêt. Le tout est coordonné par un bureau biorégional pour les services d'inscription, d’information, la tenue des registres fonciers ; il peut servir de centre d'accès à la terre, héberger des programmes d'autofinancement communautaire et collecter des fonds pour les fiducies et les sociétés. Le bureau régional sert également de centre de contact avec d'autres régions. Il permet à tout résident ou visiteur de contacter les services et associations biorégionales, et réduit les coûts de gestion, recense des artisans et des conférenciers partageant la sensibilité et l’éthique de la biorégion.

Là où convergent biorégion et permaculture, c’est que ces deux conceptions des territoires déploient une nouvelle vision de l’humain dans son milieu.

Agnès Sinaï

Les principes d'auto-gouvernance, d'interdépendance et de simplicité volontaire l’autorégulation démographique s'appliquent au niveau biorégional. Les mariages mixtes, le commerce et l'aide mutuels, l'échange de compétences et l'échange éducatif entre des régions de cultures différentes enrichissent les deux. C'est l'antithèse de « l'intégration » promulguée par des groupes majoritaires qui interdisent l'utilisation de la langue et la vie culturelle aux minorités. Ainsi, pour Mollison, le biorégionalisme se veut d’abord une entreprise culturelle, trouvant des moyens de perfectionner les processus de culture dans la dynamique de la réhabitation. Reconnaissant les modèles qui relient l'esprit à la matière, la civilisation à la nature, le biorégionalisme transforme les systèmes culturels en un système naturel. Là où convergent biorégion et permaculture, c’est que ces deux conceptions des territoires déploient une nouvelle vision de l’humain dans son milieu. Comme l’écrit Bill Mollison dans sa contribution à Home !, chaque biorégion devrait inventorier et surveiller la couverture végétale des arbres, l’état de la vie sauvage, les colonies d’oiseaux, le comptage des espèces et les terres productives à intervalles réguliers. Si celles-ci ont augmenté en rendement et ont maintenu les espèces, la zone est en bonne santé. Si aucune hausse voire une diminution s’opère, il est évident que quelque chose ne va pas et devrait faire immédiatement l’objet d’une rectification. Chaque région se doit d’agir comme une entité soignante (curator) et comme un refuge pour les éléments critiques du vivant.

La permaculture, boîte à outils du biorégionalisme
Mandala // Rob Messick

Un design pour la survie

Bill Mollison définit la permaculture comme un système d'agriculture consciemment planifié. Et pourtant, le terme de « planification » ne lui sied guère. En regardant autour de nous, nous ne trouvons guère de traces de planification réussie, que ce soit dans le paysage ou dans la conception de la plupart des habitations. Les personnes s'occupant de l'aménagement du territoire sont légions, mais où est le résultat de leur travail ? À part les plantations réalisées pour l'esthétique pour faire joli inspiré du monde contemplatif des jardins japonais classiques, ou les perspectives contrôlées des jardins du Taj Mahal, où pouvons-nous trouver des critères de planification fonctionnelle ? Les plantations de gazon relèvent du forçage de la nature et du paysage et correspondent à des idées de la richesse, elles n'ont pas d'autres fonctions. Nos paysages et nos habitations sont le reflet exact de nos conceptions du monde et de nous-mêmes : ainsi le jardinier du dimanche qui tond sa propre pelouse tend à une pâle imitation de ce statut social qu'il convoite. (4)

Ainsi le design a-t-il vocation à supplanter la planification. Selon les principes développés par l’architecte Colin Moorcraft, dans un paysage permaculturel, chaque élément est apte à de multiples fonctions, de multiples usages, chaque fonction peut être assurée par plusieurs éléments de façon à constituer un système sans faille : « Chaque élément devrait, dans la mesure du possible, être capable d'effectuer plus d'une fonction, et inversement, chaque fonction doit être effectuée de plus d'une manière ; 2. Intégrité : ces technologies devraient suivre et  intégrer le maximum de leur cycle de matière et leurs externalités, au lieu de viser une efficacité abstraite; et 3. Flexibilité: ces techniques devaient être légères, compréhensibles et adaptables afin qu'elles puissent répondre à une extrême variété de situations sociales. » (5) 

Chaque élément devrait, dans la mesure du possible, être capable d'effectuer plus d'une fonction, et inversement, chaque fonction doit être effectuée de plus d'une manière.

Colin Moorcraft

Moorcraft dirige en 1972 un numéro spécial de la revue Architectural Design intitulé « Designing for Survival » dans lequel il énumère les méfaits de la « révolution verte » : chômage, exode rural, etc. Il prend le contrepied des utopies technicistes de l’époque, robotisation et spaceships à la Buckminster Fuller pour fonder les techniques de design sur trois principes. Le premier est la coopération : « chaque élément remplit plusieurs fonctions, et chaque fonction est remplie par plusieurs éléments », ce que Sébastien Marot nomme un « alterfonctionnalisme ». Un design permaculturel serait une méthode de production résiliente, fondée sur la redondance des systèmes, mais aussi permanente : en cas de défaillance d’un élément, d’autres prennent le relais. Deuxième principe : les systèmes sont intégrés, c’est-à-dire que les intrants (inputs) et les sortants (outputs) font partie du système. Enfin, troisième principe, les systèmes sont flexibles, compréhensibles, ouverts et réparables localement. (6) Ce design serait un outil pour inscrire dans l’espace les principes de l’économie biophysique tels que décrits par Nicholas Georgescu-Roegen. Il en résulterait les paysages de la descente énergétique.

Des banlieues permaculturelles

Force est de constater que plus de quarante ans après la parution du livre fondateur de Mollison, Permaculture One, les villes n’en sont qu’aux balbutiements de ces espaces comestibles qu’il imaginait dans la cité. Au temps du nouveau régime climatique anthropocénique qui requiert des villes vertes, la résurgence de cités-jardins, d’agropolis, de cités régionales encadrées de parcs agricoles urbains empêchant le grignotage des terres sont d’actualité. La cité-région annoncée par Léopold Kohr pourrait devenir le modèle du XXIe siècle, ainsi que la biorégion urbaine projetée par Alberto Magnaghi (7).

Plus récemment, c’est David Holmgren qui, après avoir tracé les points cardinaux des scénarios du futur (8), reprend le flambeau de cette permaculture urbaine dont Mollison s’était fait le héraut. Le retrofit, pour Holmgren, est un concept englobant, à la fois matériel et existentiel. Il porte sur les bâtiments et systèmes techniques, comme sur les modes de vie et les comportements, et sur le vivant. Trois « B » en ressortent : le Built (le construit), le Behavioural (le comportemental), et le Biological (le vivant). Holmgren vise délibérément le niveau de la maison et des individus plutôt que le niveau de la collectivité et du gouvernement parce que ce premier niveau est celui qui permet le plus de latitude en termes de changement radical, sans attendre que le reste de la société change tout en proposant des solutions reproductibles sans entraîner des coûts à grande échelle. Commencer par chez soi et par modifier son propre comportement donne une sensation de reprise de puissance sur nos vies et évite la déperdition d’énergie qui consiste à s’attaquer aux problèmes à grande échelle sans s’occuper de mettre en cohérence son propre mode de vie… c’est le propos du guide pratique et existentiel constitué par le dernier ouvrage de Holmgren, Retrosuburbia (9) dédicacé à Wendell Berry, poète, écrivain, paysan et militant écologiste, né en 1934 et auteur, parmi une quarantaine d’autres ouvrages, de Think Little. (10)

Holmgren réaffirme son crédo sociétal : la descente énergétique est le déclin erratique et en cours de la base matérielle et énergétique des sociétés humaines. À mesure que la qualité et la teneur des combustibles fossiles va se dégrader et que vont s’accentuer les impacts de leurs usages (notamment sur le climat), la nature de la société va changer jusqu’à prendre les allures d’une société pré-industrielle qui reposera sur moins d’énergie et des combustibles au rendement énergétique faible. Ceci amènera à la relocalisation de l’économie et à la re-ruralisation des établissements humains, voire à une baisse de la population dans de nombreux pays. Holmgren conjecture la fin et le renversement de cinq cents ans d’ascension énergétique depuis les premiers contacts de la civilisation européenne avec les Amériques jusqu’à la complexité actuelle des sociétés industrielles qui se sont développées par l’usage des combustibles fossiles. Il se réfère à « l’archidruide » américain John Michael Greer, auteur de The Long Descent (2008) et adepte de la théosophie.

Retrofitting est à prendre au sens de partir de l’existant et le transformer tout comme les peuples traditionnels modifiaient progressivement leurs lieux de vie de manière incrémentale.

Agnès Sinaï

Les prédicats de Retrosuburbia s’inscrivent dans le prolongement des préfigurations qui parcourent toute l’œuvre de Holmgren : la descente énergétique a déjà commencé, elle va s’accélérer dans les prochaines décennies et modifiera en profondeur les sociétés consuméristes ; des économies non monétaires émergeront dans un contexte de déflation généralisée. Dans le glossaire final, Holmgren définit le retrofitting comme « la modification, typiquement d’un bâtiment ou d’une machine, pour les rendre adaptés à leur objectif ou plus efficients. Le terme est entré en usage dans les années 1970 lors de la crise énergétique. » (11) Le retrofitting relève d’une forme d’efficacité énergétique des bâtiments, mais pas seulement. Dans la vision de Holmgren, il s’agit aussi d’une réforme des comportements, et d’une mise en valeur du vivant. L’idée est aussi de réduire la taille des établissements humains (dowshifting). Et de commencer par son arrière-cour, selon les recommandations du père de la permaculture Bill Mollison, de joindre la « big picture » à l’acte pratique le plus immédiat. Retrofitting est à prendre au sens de partir de l’existant et le transformer tout comme les peuples traditionnels modifiaient progressivement leurs lieux de vie de manière incrémentale. Ainsi le retrofitting s’oppose à la table rase et aux nouveautés technologiques, et prend en compte l’aspect « rétro » d’un revival du do it yourself prôné par la permaculture dans les années 1970. Pourquoi les banlieues ? Dans le contexte australien, c’est parce que la majorité des habitants y habitent, et parce qu’ils disposent de jardins attenants : faire avec les gens là où ils se trouvent et transformer les villes de l’intérieur dans un esprit rural. La biorégion sert ainsi tout autant à projeter des designs salvateurs à partir des milieux, des ressources et des flux, qu’à réparer l’existant par la mise en œuvre, en lieu et place de métropoles dégradées et étalées, de biorégions urbaines retrofittées.

Illustrations extraites de Home ! A Bioregional Reader, Gabriola Island, New Catalyst Books, 1990.

Notes

(1) Discours de réception du Right Livelihood Award, 1981.

(2) « Strategies for an Alternative Nation », Home ! A Bioregional Reader, Gabriola Island, New Catalyst Books, 1990.

(3) Ibid., p. 154.

(4) Bill Mollison (1979), Permaculture 2. Aménagements pratiques à la campagne et en ville, Flers, éditions Equilibres, 1993.

(5) Colin Moorcraft, « Design for Survival », Architectural Design, juillet 1972. Colin Moorcraft, « Projeter pour la survie », trad. S. Marot & R. Erraziqi, Marnes 5, Building Books, Paris 2020.

(6) Sébastien Marot, « La permaculture est un pari pascalien », entretien avec Marc Frochaux, Espazium, 19 juin 2019.

(7) Cf. Thierry Paquot (2020), Mesure et démesure des villes, Paris, CNRS éditions, 2020, p. 132.

(8) David Holmgren (2009), Future Scenarios, White River Junction, Vermont, Chelsea Green.

(9) David Holmgren (2018), Retrosuburbia. The Downshifter’s Guide to a Resilient Future, Hepburn Springs (Australie), Melliodora Publishing.

(10) Wendell Berry (1972), Think Little, Contrepoint Press, Berkeley, 2019.

(11) David Holmgren, op. cit., p. 559.