Rendez-vous

13/06/2025

14:30 17:30

Et les quartiers d’aujourd’hui ? | Stop Démolitions

Conférence

Paris

2025-06-13 14:30 2025-06-13 17:30 Europe/Paris Et les quartiers d’aujourd’hui ? | Stop Démolitions Collectif Stop Démolitions Conférence de presse du collectif Stop Démolitions à l'occasion de la publication d'une lettre ouverte au Président de la République. Des collectifs nationaux et locaux, d'architectes et d'urbanistes interviendront (en présentiel et visioconférence) au sujet du logement et de l'habitat. Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République, A l’ouverture des rencontres nationales « Quartiers de demain », organisées à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine le 4 mars 2025, vous avez prononcé une allocution pour : "donner un nouvel élan pour nos quartiers". Vous dites : "ces quartiers comptent parmi les plus grandes expérimentations architecturales du XXème siècle… Ils sont souvent associés dans les esprits à la précarité et l'insécurité… Contrairement aux idées reçues, ils sont, en moyenne, moins bien dotés en services publics, qu'il s'agisse de l'éducation, de la santé, des transports ou de la justice, que les autres territoires." Monsieur le Président, depuis des années de très nombreux habitant.e.s des quartiers d’habitat populaire, leurs collectifs et les associations de locataires et de défense des mal-logé.e.s ainsi que des architectes, professionnel.le.s de la ville, s’opposent à des projets qui, sous couvert de rénovation urbaine, aboutissent à détruire tout ou partie de ces quartiers et leur histoire. Nous tirons la sonnette d’alarme. En vingt ans, le nombre de mal-logés a presque triplé avec son cortège de taudis insalubres et de bidonvilles, tandis que les seuls logements dignes auxquels ces millions de ménages urbains modestes peuvent prétendre désormais, les logements très sociaux, continuent de se raréfier sous les coups de boutoir des politiques actuelles. Aujourd’hui, pour 58 % des Français, l’accès au logement représente une difficulté supérieure à l’accès au soin, ou à l’emploi (données IPSOS/CERES 2023) ! Les habitats de fortunes ressurgissent, le mal logement s’aggrave. Il y a urgence pour faire cesser les démolitions des constructions HLM ayant permis l’éradication du mal logement en son temps, et établir un moratoire sur l’ensemble des démolitions programmées ou en cours, pour réparer et revaloriser les quartiers d’habitat populaire en ménageant et améliorant les constructions existantes plutôt qu’en les détruisant. Tous ces HLM dont la démolition est en cours ou programmée, partagent les mêmes caractéristiques : ils sont bien situés (en zone tendue), bon-marché (- de 5€/m2/mois en moyenne), et ils sont amortis depuis longtemps. Parfois vétustes car mal-entretenus, leur bâti reste solide et leurs qualités architecturales une référence. À notre connaissance aucun d’entre eux n’est soumis à un arrêté de péril justifiant la démolition. Vous déclarez vous même que "de récents Prix Pritzker français se sont mis d'ailleurs à l'avant-garde de ce défi, favoriser la réhabilitation plutôt que la démolition, qui est pour les habitants souvent un traumatisme et parfois aussi une très mauvaise nouvelle écologique… Il faut intégrer la transition écologique à nos manières de construire, avec une meilleure isolation, une végétalisation, une gestion durable des déchets, des ressources, des matériaux qui soient biosourcés, etc. Enfin, il faut associer pleinement les habitants." Vous dites aussi "D'abord, valoriser l'existant et arrêter la démolition systématique... En effet, on voit bien qu'il faut révéler les qualités intrinsèques du bâti, beaucoup plus construire la ville sur la ville." C’est ce que nous habitants et professionnels, avec notre collectif national plaidons auprès de l’ANRU, des bailleurs et des élus locaux, qui ont conditionné et qui conditionnent encore les programmes de rénovation à l’obligation de démolir sans études ni réflexions préalables sur l’intérêt de valoriser en premier lieu le "déjà là". Vous avez décidé d’organiser un concours, "effectivement, dix quartiers ont été sélectionnés pour servir d'exemple et inspirer ensuite d'autres territoires...", en limitant les sites des consultations et les sujets à des objets très restreints, qui ne répondent pas à la crise aiguë du logement. Monsieur le Président, ce ne sont pas seulement 10 quartiers, il y a urgence pour des centaines de quartiers de notre pays laissés à l’abandon. Ils méritent tous que les professionnels de la ville (architectes, urbanistes, paysagistes) soient mobilisés avec les habitants par des concours d’architecture, de paysage et d’urbanisme pour leur amélioration, leur entretien, leur rénovation et comme vous le dites en "valorisant l’existant et en arrêtant la démolition systématique" donc par leur réhabilitation, et leur extension si besoin par de nouvelles constructions. L’Architecture ne peut être limitée à des opérations de vitrine, elle mérite d’être mise au service de tous en mobilisant tous les architectes, les urbanistes, et paysagistes de notre pays qui le souhaitent pour travailler avec les principaux concernés, les usagers de ces quartiers, sur des diagnostics attentifs au "déjà là" et aux habitants pour formuler des propositions pour entretenir, améliorer leur cadre de vie, "construire la ville sur la ville", en y intégrant les services publics nécessaires. C’est à cette tâche et avec cette méthode que l’État et l’ANRU doivent répondre en fléchant les financements non pas vers la démolition des quartiers mais vers leur entretien et leur rénovation par la réhabilitation avec l’aide des financements et du concours de l’État. "D’abord, valoriser l'existant et arrêter la démolition systématique... Intégrer la transition écologique" : Monsieur le Président, si vos mots ont un sens, alors il faut en tirer les conséquences. Vous avez la possibilité et la responsabilité d’agir tout de suite avant qu’il ne soit trop tard, par un moratoire pour arrêter tous les projets de démolitions, y compris ceux en cours, et relancer la réflexion sur des bases nouvelles en adéquation avec vos déclarations. C’est aujourd’hui que la politique sur les quartiers d’habitat populaire doit changer. Pour notre part, nous poursuivrons notre action pour qu'une telle démarche puisse enfin voir le jour et répondre aux besoins et aux possibilités de notre époque pour le bien-être général, celui du cadre de vie de tous nos concitoyen.ne.s. Dans l’attente de vos décisions veuillez croire, Monsieur le Président, en l'expression de notre considération distinguée. LE COLLECTIF NATIONAL "STOP DÉMOLITIONS", le 25 mars 2025.   Siège de la société française des architectes, 247 rue Saint Jacques, 75005 Collectif Stop Démolitions Et les quartiers d’aujourd’hui ? | Stop Démolitions

Collectif Stop Démolitions

Siège de la société française des architectes, 247 rue Saint Jacques, 75005

 

Conférence de presse du collectif Stop Démolitions à l'occasion de la publication d'une lettre ouverte au Président de la République. Des collectifs nationaux et locaux, d'architectes et d'urbanistes interviendront (en présentiel et visioconférence) au sujet du logement et de l'habitat.


Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République,

A l’ouverture des rencontres nationales « Quartiers de demain », organisées à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine le 4 mars 2025, vous avez prononcé une allocution pour : "donner un nouvel élan pour nos quartiers". Vous dites : "ces quartiers comptent parmi les plus grandes expérimentations architecturales du XXème siècle… Ils sont souvent associés dans les esprits à la précarité et l'insécurité… Contrairement aux idées reçues, ils sont, en moyenne, moins bien dotés en services publics, qu'il s'agisse de l'éducation, de la santé, des transports ou de la justice, que les autres territoires."

Monsieur le Président, depuis des années de très nombreux habitant.e.s des quartiers d’habitat populaire, leurs collectifs et les associations de locataires et de défense des mal-logé.e.s ainsi que des architectes, professionnel.le.s de la ville, s’opposent à des projets qui, sous couvert de rénovation urbaine, aboutissent à détruire tout ou partie de ces quartiers et leur histoire.

Nous tirons la sonnette d’alarme.

En vingt ans, le nombre de mal-logés a presque triplé avec son cortège de taudis insalubres et de bidonvilles, tandis que les seuls logements dignes auxquels ces millions de ménages urbains modestes peuvent prétendre désormais, les logements très sociaux, continuent de se raréfier sous les coups de boutoir des politiques actuelles. Aujourd’hui, pour 58 % des Français, l’accès au logement représente une difficulté supérieure à l’accès au soin, ou à l’emploi (données IPSOS/CERES 2023) !

Les habitats de fortunes ressurgissent, le mal logement s’aggrave. Il y a urgence pour faire cesser les démolitions des constructions HLM ayant permis l’éradication du mal logement en son temps, et établir un moratoire sur l’ensemble des démolitions programmées ou en cours, pour réparer et revaloriser les quartiers d’habitat populaire en ménageant et améliorant les constructions existantes plutôt qu’en les détruisant.

Tous ces HLM dont la démolition est en cours ou programmée, partagent les mêmes caractéristiques : ils sont bien situés (en zone tendue), bon-marché (- de 5€/m2/mois en moyenne), et ils sont amortis depuis longtemps. Parfois vétustes car mal-entretenus, leur bâti reste solide et leurs qualités architecturales une référence. À notre connaissance aucun d’entre eux n’est soumis à un arrêté de péril justifiant la démolition.

Vous déclarez vous même que "de récents Prix Pritzker français se sont mis d'ailleurs à l'avant-garde de ce défi, favoriser la réhabilitation plutôt que la démolition, qui est pour les habitants souvent un traumatisme et parfois aussi une très mauvaise nouvelle écologique… Il faut intégrer la transition écologique à nos manières de construire, avec une meilleure isolation, une végétalisation, une gestion durable des déchets, des ressources, des matériaux qui soient biosourcés, etc. Enfin, il faut associer pleinement les habitants."

Vous dites aussi "D'abord, valoriser l'existant et arrêter la démolition systématique... En effet, on voit bien qu'il faut révéler les qualités intrinsèques du bâti, beaucoup plus construire la ville sur la ville."

C’est ce que nous habitants et professionnels, avec notre collectif national plaidons auprès de l’ANRU, des bailleurs et des élus locaux, qui ont conditionné et qui conditionnent encore les programmes de rénovation à l’obligation de démolir sans études ni réflexions préalables sur l’intérêt de valoriser en premier lieu le "déjà là".

Vous avez décidé d’organiser un concours, "effectivement, dix quartiers ont été sélectionnés pour servir d'exemple et inspirer ensuite d'autres territoires...", en limitant les sites des consultations et les sujets à des objets très restreints, qui ne répondent pas à la crise aiguë du logement.

Monsieur le Président, ce ne sont pas seulement 10 quartiers, il y a urgence pour des centaines de quartiers de notre pays laissés à l’abandon. Ils méritent tous que les professionnels de la ville (architectes, urbanistes, paysagistes) soient mobilisés avec les habitants par des concours d’architecture, de paysage et d’urbanisme pour leur amélioration, leur entretien, leur rénovation et comme vous le dites en "valorisant l’existant et en arrêtant la démolition systématique" donc par leur réhabilitation, et leur extension si besoin par de nouvelles constructions.

L’Architecture ne peut être limitée à des opérations de vitrine, elle mérite d’être mise au service de tous en mobilisant tous les architectes, les urbanistes, et paysagistes de notre pays qui le souhaitent pour travailler avec les principaux concernés, les usagers de ces quartiers, sur des diagnostics attentifs au "déjà là" et aux habitants pour formuler des propositions pour entretenir, améliorer leur cadre de vie, "construire la ville sur la ville", en y intégrant les services publics nécessaires.

C’est à cette tâche et avec cette méthode que l’État et l’ANRU doivent répondre en fléchant les financements non pas vers la démolition des quartiers mais vers leur entretien et leur rénovation par la réhabilitation avec l’aide des financements et du concours de l’État.

"D’abord, valoriser l'existant et arrêter la démolition systématique... Intégrer la transition écologique" : Monsieur le Président, si vos mots ont un sens, alors il faut en tirer les conséquences.

Vous avez la possibilité et la responsabilité d’agir tout de suite avant qu’il ne soit trop tard, par un moratoire pour arrêter tous les projets de démolitions, y compris ceux en cours, et relancer la réflexion sur des bases nouvelles en adéquation avec vos déclarations. C’est aujourd’hui que la politique sur les quartiers d’habitat populaire doit changer.

Pour notre part, nous poursuivrons notre action pour qu'une telle démarche puisse enfin voir le jour et répondre aux besoins et aux possibilités de notre époque pour le bien-être général, celui du cadre de vie de tous nos concitoyen.ne.s.

Dans l’attente de vos décisions veuillez croire, Monsieur le Président, en l'expression de notre considération distinguée.

LE COLLECTIF NATIONAL "STOP DÉMOLITIONS", le 25 mars 2025.