Demeure terrestre

De l’accueillance : hospitalité de l’architecture et ménagement des territoires

Thierry Paquot | 10 décembre 2023

Introduction

Alors que des constructions standardisés et insipides envahissent le territoire, les mal-logés, victimes des inégalités économiques, du dérèglement climatique ou des conflits armés, n’ont jamais été aussi nombreux. Dans un livre collectif sur l’éthique de l’architecture et de l’urbanisme publié en l'an 2000, le philosophe de l’urbain Thierry Paquot réhabilite l’accueillance, explore l’hospitalité, exalte l’altérité comme condition d’existence, exhorte le praticien à la désobéissance, appelle l’architecture à honorer les activités et les êtes qu’elle héberge, propose finalement de ménager, c’est-à-dire de prendre soin des gens, des lieux et des choses. En germe, le lecteur y trouve sa définition de l’esprit des villes : « urbanité, altérité, diversité ».

Discuter de l’éthique entre philosophes, architectes et urbanistes pourrait rapidement consister à l’élaboration d’un guide déontologique visant à distinguer ce qu’il conviendrait de faire de ce qu’il faudrait éviter de réaliser. La déontologie serait alors un ensemble de règles professionnelles dont le plus ou moins grand respect qualifierait le degré de responsabilité du praticien. Mais ce dernier aurait beau jeu de demander aussi des comptes au philosophe... La vie en société exige des normes partagées et des règlements, librement ou non, acceptés. La socialité est l’expression de cette velléité d’être-ensemble qui conjugue autant d’actes relationnels que d’attitudes asociales. L’asocialité est aussi une des conditions de la socialité : il faut que je puisse bouder dans mon coin pour mieux, après, m’associer aux autres. La plupart des sociétés contemporaines entretiennent de nombreuses et sérieuses disparités économico-sociales et ethnico-culturelles qu’elles s’efforcent de « corriger », avec plus ou moins de succès, par des programmes d’assistance étatique et des actions résultant d’associations. Les effets sont généralement bien modestes par rapport aux budgets attribués et aux efforts déployés par les divers travailleurs sociaux, on parle alors « d’un cautère sur une jambe de bois » ! L’isolement, le rejet, la marginalisation, l’exclusion, etc., sont quelques-unes des manifestations de ces lézardes qui fragilisent l’édifice social. Les « sans » (papier, travail, domicile fixe, etc.) bien que vivant la même mise à l’écart ne sont pas pour autant solidaires, chacun tente individuellement de bénéficier d’une aide quelconque - certains n’essaient même plus rien... -, qui éventuellement lui permettra de se réinsérer.

« Pourtant c’est à partir du regard de l’Autre sur moi, que j’existe quelque peu. Le regard échangé est l’attente d’une présence, le premier pas en direction de, la main presque tendue vers. »

Les « démunis » paradoxalement apparaissent comme un danger aux yeux des nantis, comme de potentiels fauteurs de troubles, les véritables responsables du climat d’insécurité, alors même que se sont eux qui ont peur des violences d’individus mal intentionnés comme des violences symboliques des institutions, sans compter la violence ordinaire de certains regards... Pourtant c’est à partir du regard de l’Autre sur moi, que j’existe quelque peu. Le regard échangé est l’attente d’une présence, le premier pas en direction de, la main presque tendue vers. A partir de cette furtive reconnaissance, la sympathie ou l’inquiétude peuvent se déployer. Dans les deux cas l’indifférence est combattue. C’est ce que constatait au début du XXe siècle le psychologue William James qui notait que « le soi social de l’homme est la reconnaissance que celui-ci obtient de ses semblables. Nous sommes non seulement des animaux grégaires, qui aimons être à proximité de nos compagnons, mais nous avons aussi un penchant inné à être remarqués, et remarqués avec approbation, par les êtres de notre espèce. Aucun châtiment plus diabolique ne saurait être conçu, s’il était physiquement possible, que d’être lâché dans la société et de demeurer totalement inaperçu de tous les membres qui la composent. » (1). Celui qui est condamné à passer inaperçu, le « pauvre », « l’étranger », le « pas-comme-les-autres », se retrouve à une place sans emplacement en quelque sorte, de fait il est à-côté, ni avec ni parmi. Cette situation est considérée par le philosophe israélien Avishai Margalit comme indécente. En effet, pour lui, une société est civilisée quand ses membres ne s’humilient pas entre eux et une société est décente quand les institutions n’humilient pas les individus. « Il y a humiliation, précise-t-il, chaque fois qu’un comportement ou une situation donne à quelqu’un, homme ou femme, une raison valable de penser qu’il a été atteint dans le respect qu’il a de lui-même. » (2).

« En effet, pour lui, une société est civilisée quand ses membres ne s’humilient pas entre eux et une société est décente quand les institutions n’humilient pas les individus. »

Lorsque j’ai rédigé l’article « Architecture et exclusion », pour l’ouvrage collectif L’Exclusion, l’état des savoirs, dirigé par Serge Paugam, je me suis rendu compte que cette question dépassait le « social » et abordait « l’existentiel ». J’ai alors mieux mesuré à quel point l’architecture et l’urbanisme participaient autant à la qualité de l’accueil qu’au désagrément et au sentiment de ségrégation. Il est par conséquent indispensable de questionner philosophiquement l’architecture et l’urbanisme (3) quant à l’accueillance, terme tombé quelque peu en désuétude, et qu’il convient, me semble-t-il, de réactiver. Pour cela je propose d’explorer la notion d’« hospitalité » dans la pensée occidentale, puis de visiter quelques réalisations architecturales et urbaines satisfaisantes à défaut d’être incontestablement exemplaires.

Vous êtes, ici, chez vous

Pour les Grecs, un peuple civilisé est celui qui sait accueillir son ennemi, quand ce dernier devient un hôte. On retrouve dans l’étymologie latine du mot français « hospitalité » (hospitalitas, dérivé de hospitalitis) cette dualité entre l’ennemi (hostis) et l’hôte (hospes), quant à l’anglais hospitality, il sous-entend bien guest et host. De même en grec le mot xenos, qui signifie « hôte », désigne également « étranger », comme on le trouve dans « xénophobie » terme qui apparaît en français à la fin du XIXe siècle pour qualifier « la peur de l’étranger ». Xenia concerne à la fois la pratique de l’hospitalité et le rapport à l’étranger. L’étranger dans les cités grecques est une réalité sociologique plurielle. En effet, il y a plusieurs types d’étrangers, à distinguer du « barbare » et du « métèque » : l’étranger à la ville, l’étranger à la Grèce, l’étranger à la langue, celui qui veut être naturalisé, celui qui souhaite s’établir dans une localité pour y travailler et s’y marier, etc. (4)

Marie-Françoise Baslez constate que « le développement de la proxénie et de l’évergésie dans une grande cité comme Athènes révèle moins un désir réel d’incorporer l’étranger - comme on a pu le constater parfois à l’époque archaïque - que le besoin croissant de constituer un réseau de relations dans le monde grec et hors du monde grec pour la survie même de la cité. » (5) L’hospitalité consiste à accueillir l’étranger, à lui offrir le gîte et le couvert et à veiller à ce qu’il ne manque de rien. « A l’égard des étrangers, conseille Platon, il faut se mettre dans l’esprit que les contrats faits avec eux ont une sainteté particulière, car toutes les fautes commises par les étrangers et contre eux ont, plus que celles qui se commettent entre citoyens, une dépendance étroite avec un dieu vengeur. Isolé qu’il est, en effet, sans compagnons ni parents, l’étranger inspire plus de pitié aux hommes et aux dieux. » (6) L’hôte est placé sous la double protection de Zeus Xenios et d‘Athéna Xenia et l’hospitalité tend à se dégager d’un simple ensemble de rites, d’une relation intéressée pour devenir une véritable éthique du quotidien.

« L’hospitalité consiste à accueillir l’étranger, à lui offrir le gîte et le couvert et à veiller à ce qu’il ne manque de rien. »

Avec le christianisme, l’hospitalité est une des façons de concrétiser la sainte adjuration « Aimez-vous les uns les autres ». Le christianisme réaffirme l’enseignement de l’Ancien Testament et plus généralement de l’Ecriture (parmi de nombreuses formulations : « Aimez l’étranger car au pays d’Egypte vous fûtes des étrangers », Deutéronome. 10, 19 et « Maudit soit celui qui méconnaît le droit de l’étranger », Deutéronome. 27, 19), conforte la philoxénie grecque et enracine l’humanité de l’Homme dans l’amour du prochain. On peut lire dans l’Epître aux Hébreux : « N’oubliez pas l’hospitalité. Quelques-uns, en la pratiquant, ont, à leur insu, logé des anges » (13, 2), mais cette hospitalité-là contient à la fois le don et le contre-don. Cela n’échappe pas à Jean Daniélou qui explique qu’ « en réalité, dans l’hospitalité, celui qui est le plus comblé, ce n’est pas l’étranger qui vient, mais celui qui le reçoit. Recevoir un hôte est une faveur, une grâce. » (7) , d’autant que la figure mystérieuse de l’hôte, c’est le Christ... La religion chrétienne est une religion d’amour, mais de quel « amour » s’agit-il ? Les théologiens distinguent l’érôs de l’agapè. Selon Ysabel de Andia, « le mot hébreu ahâba est traduit dans la Bible grecque par agapè, susbtantif presque inconnu dans la langue profane, tandis qu’on utilise couramment le verbe agapaô, ‘accueillir avec affection’, spécialement un enfant ou un hôte. » Plus loin, elle précise: « Il y a l’idée d’une ‘tendre inclinaison vers’ (qui se retrouve dans le latin diligere-dilection) ou d’une amitié (grec phileô-philia). Mais on ne trouve que deux fois le terme éros, ‘amour passionnel’ dans la Septante, et jamais dans le Nouveau testament. » (8)

L’ouvrage pionnier de l’évêque de Lund, Anders Nygren, Erôs et Agapè. La notion chrétienne de l’amour et ses transformations (premier volume publié en 1930 et le second, en deux tomes, en 1936) avait le mérite, avant d’être sérieusement critiqué et réfuté, de proposer une définition de chacun de ces termes, puis de suivre leurs évolutions respectives chez Platon et les néo-platoniciens, Tertullien, Clément d’Alexandie ; Irénée, Grégoire de Nysse, Saint Augustin, Luther, etc. Ainsi, pour lui, érôs désigne l’amour humain - le désir et la passion -, tandis que l’agapè concerne l’amour divin. En fait les deux termes ne s’opposent pas dans la théologie chrétienne comme en témoigne les propos de Grégoire de Nysse, de Evagre le Pontique, de saint Jean Climaque ou encore de Théodoret d’Antioche, sans oublier Ignace et Origène, pour qui les deux mots sont interchangeables. Quoiqu’il en soit - il ne s’agit pas ici d’exégèse -, le mot grec agapè a été traduit en latin par caritas qui a donné en français « charité ». Le don de soi qui caractérise l’agapè s’estompe avec la charité, au fur et à mesure où celle-ci perd sa dimension spirituelle pour se réduire à l’action charitable, d’abord organisée par des congrégations religieuses et institutions hospitalières, puis par l’assistance publique.

Les récits des pèlerins et des voyageurs corroborent cette pratique de l’accueillance, avec excès dans certains cas - rien n’est trop beau pour l’hôte - et non sans méfiance parfois. L’étranger est invité à se reposer et à se désaltérer avant de reprendre le chemin. Cette générosité devient dans certains cas contraignante et même contrariante. L’hôte est si bien entouré qu’il n’est plus libre de ses mouvements, il est à la fois redevable et dépendant. En arabe, le verbe adâfa, « donner l’hospitalité » peut être traduit par « ajouter, annexer, lier » et en polonais, goscinnosc (« hospitalité ») veut dire « envie d’hôtes », dans ces deux cas, l’hospitalité est dévorante... Mais ne s’agit-il pas d’une hospitalité en voie d’extinction ? D’une hospitalité de peuples nomades et ruraux, villageois en tout cas ? Le Courrier de l’Unesco (9) consacre un dossier à l’hospitalité et plusieurs auteurs, Barbara Fall pour l’Afrique, Yann Richard pour l’Iran, attestent que l’urbanisation s’accompagne d’une perte irrémédiable de l’accueillance et que l’hospitalité relève de plus en plus d’une politique municipale ou étatique, voire d’organisations non gouvernementales, mais qu’elle est de moins en moins spontanée, gratuite et tolérante. Une hospitalité administrative s’affirme, avec ses règlements et ses discriminations honteuses, déresponsabilisant le simple citadin et réduisant l’accueillance à une forme d’assistanat.

« Une hospitalité administrative s’affirme, avec ses règlements et ses discriminations honteuses, déresponsabilisant le simple citadin et réduisant l’accueillance à une forme d’assistanat. »

Le détour notionnel semble dire que l’hospitalité n’a pas d’autres territoires que celui du partage et ce trop rapide historique laisse entendre que plus une ville est vaste et peuplée, moins l’hospitalité est active et évidente. Qu’en est-il, dans ces conditions, du travail de l’architecte et de l’urbaniste et de leurs donneurs d’ordres (bailleurs sociaux, aménageurs, promoteurs, élus, etc.) ? En quoi l’éthique a-t-elle à voir avec le bien-être de l’habitant ? Gabriel Liiceanu rappelle que le mot grec ethos « a signifié ‘séjour habituel’, ‘habitation’. (...) Une éthique originaire ne serait pas, par conséquent, une science du caractère et des mœurs mais une science de l’habitation. » (10) L’architecture, l’urbanisme et le paysagisme sont des activités, qui même effectuées pour un particulier, concernent chacun, c’est-à-dire tout le monde. Toutes les sociétés révèlent un peu d’elles par leurs constructions, leurs plans d’aménagement des villes et leurs parcs et jardins. Là, l’éthique avoue son ambition : permettre l’éclosion du bien-être.

Bienvenu !

Chacun en a fait l’expérience, il y a des maisons immédiatement accueillantes, qui vous ouvrent les bras en quelque sorte, et d’autres qui restent obstinément fermées telle une prison, comme il y a des places ou des parcours urbains agréables à emprunter et d’autres qui sont effrayants et repoussants. La ville moderne, celle qui naît avec le développement du chemin de fer et l’industrialisation, celle qui change d’échelle, à la fois territoriale et populationnelle, nécessite des plans d’extension, des réhabilitations de quartiers vétustes et dégradés, des transformations morphologiques et des innovations architecturales imposées par la généralisation de nouvelles technologies. Bref, la ville moderne rompt avec la ville historique et l’on voit alors s’opposer les partisans d’une rupture claire et nette et les partisans d’une certaine continuité, d’une adaptation empiriquement conduite dans le respect de la ville ancienne et dans la reconnaissance de certaines évolutions. Il ne faudrait pas strictement, et dogmatiquement, mettre dos à dos les « modernes » - pour aller vite, Le Corbusier et la Charte d’Athènes - et les « anciens » - les autres ? -. En effet, avec la modernité baudelairienne et ses divers avatars, rares sont les « anciens », vraiment intransigeants face au refus du Progrès, et nombreux sont les « modernes », plus ou moins « modernes », ceux qui acceptent avec modération ce que les « modernes » pur jus réclament avec ostentation. Ainsi il convient de manier avec précaution ce qualificatif de « moderne », en architecture et en urbanisme, sachant qu’il concerne un très large éventail d’attitude (11). On peut opter pour un matériau nouveau - le béton armé, par exemple -, mais l’utiliser dans la tradition d’un certain « art de bâtir ».

« Chacun en a fait l’expérience, il y a des maisons immédiatement accueillantes, qui vous ouvrent les bras en quelque sorte, et d’autres qui restent obstinément fermées telle une prison, comme il y a des places ou des parcours urbains agréables à emprunter et d’autres qui sont effrayants et repoussants. »

La ville moderne, dès sa naissance, est dénoncée dans de nombreux rapports rédigés par des médecins hygiénistes ou des militants politiques, qui ne connaît pas les travaux du docteur Villermé et du compagnon de Marx, Engels ? Par la suite, Camillo Sitte mais aussi Charles Buls, puis bien d’autres vont s’attacher à diagnostiquer les maux de la ville et prescrire des remèdes adaptés, au coup par coup, en évitant l’acte chirurgical à la Haussmann. Ce dernier étant l’ultime recours, lorsque la médecine habituelle a échoué. Il ne s’agit pas d’une lutte entre les urbanophobes et les urbanophiles, mais de deux approches du monde urbain, l’une plus soucieuse d’autrui, l’autre plus volontaire et autoritaire, les deux - et cela constitue un réel paradoxe - au nom du « bonheur » pour tous. Il serait exagéré de taxer les premiers de « moralistes » et les seconds d’« amoralistes », les deux agissent au nom d’une morale (12), la question est de savoir ce qui se cache derrière un tel mot. La préoccupation morale n’est pas l’apanage d’un seul clan, qui serait « moralisateur », c’est-à-dire « conservateur », mais traverse l’ensemble de ces professions et s’impose à chacun, quel que soit son opinion politique. L’éthique est alors la recherche d’un accord entre soi et son métier. Un architecte peut refuser de construire ce qui est contraire à sa conviction profonde et tant pis si un autre accepte ! Il en va de même pour un urbaniste, ce dernier peut s’opposer à un choix qui ne lui paraît pas convenir au problème à résoudre. C’est certainement plus difficile, car l’urbaniste travaille généralement en groupe, mais c’est à lui d’alimenter le débat contradictoire et de d’entrainer ses collègues et sa hiérarchie à bien peser le « pour » et le « contre ». Souvent la paresse intellectuelle l’emporte, ainsi que les habitudes. On n’hésite pas alors à évoquer la « technique » comme contrainte absolue, sans s’inquiéter outre mesure de sa non neutralité. C’est avec l’argument - en partie erroné - de la sécurité qu’on édifie un peu partout en France, depuis une dizaine d’années, des carrefours à sens giratoire. C’est avec l’argument - largement erroné - de l’urgence et de l’économie qu’on a justifié les grands ensembles, alors même que les Français souhaitaient loger dans des maisons individuelles...

« L’éthique est alors la recherche d’un accord entre soi et son métier. Un architecte peut refuser de construire ce qui est contraire à sa conviction profonde et tant pis si un autre accepte ! Il en va de même pour un urbaniste, ce dernier peut s’opposer à un choix qui ne lui paraît pas convenir au problème à résoudre. [...] Souvent la paresse intellectuelle l’emporte, ainsi que les habitudes. On n’hésite pas alors à évoquer la technique comme contrainte absolue, sans s’inquiéter outre mesure de sa non neutralité. »

Au début des années 1960 aux Etats-Unis, plusieurs voix, parfois contradictoires, se font entendre (13) pour contrer l’urbanisme du « tout automobile » qui selon les décideurs est inévitable, et contre divers aménagements qui ne sont réclamés par personne, alors même que certains habitants demandent de modestes améliorations, quant à la voirie, la signalisation, le mobilier urbain, etc. Ces critiques refusent à baisser les bras et exposent des contre-propositions et présentent de « bons exemples », ainsi Lewis Mumford évoque Radburn, ville-jardin du New Jersey, édifiée à partir de 1928, où la circulation des piétons est séparée de celle des voitures ; tandis que Wolf Von Eckardt vante les mérites de Tapiola, en Finlande, parmi bien d’autres cas de villes agréables à vivre...

Le choix du site, l’orientation du bâtiment sur la parcelle retenue, sa volumétrie et son échelle eu égard aux constructions voisines ou à la voirie, ses ouvertures et ses couleurs, son entrée, etc., bref tout ce qui le caractérise favorise ou non l’accueil. Le principal défaut des grands ensembles, nonobstant la médiocre qualité constructive - la faible isolation phonique, par exemple ! -, et la pauvreté architecturale, est son irrespect du déjà-là. En effet, un grand ensemble se pose sur un terrain sans se préoccuper de ce qui existe, tournant le dos aux pavillons et au réseau viaire, semblant leur dire qu’il refuse tout dialogue avec eux, que seul ce qu’il constitue fait sens. Du reste le travail de réhabilitation du grand ensemble consiste d’abord à l’articuler au reste du quartier, à relier ses différentes entrées aux rues, à donner une adresse aux habitants, à l’intégrer dans la continuité urbaine, en privilégiant les commerces en rez-de-chaussée, en traitant les trottoirs, en plantant des arbres, en donnant quelque peu d’aménité aux choses de la ville...

On voit, avec cette simple énumération des précautions élémentaires, à quel point le travail de l’architecte, de l’urbaniste, mais aussi du paysagiste, nécessite une écoute des diverses aspirations des parties en présence et une attention au territoire, à son histoire et à son devenir. C’est pour cela que le verbe « ménager » - utiliser par Heidegger (14) - me semble préférable à « aménager », car il dit mieux à quel point il faut prendre soin (15) et des gens, des lieux et des choses (16). Il n’y a pas d’autres moyens pour se dégager de l’emprise des logiques techniques qui s’affrontent en permanence sur le chantier, toujours en activité et à jamais inachevé, de la ville. Capituler face à une de ces logiques c’est renoncer à ménager. Un exemple type est la Très Grande Bibliothèque de France (17) qui n’a pas pu ou su combiner les attentes, parfois opposées, des lecteurs, des personnels administratifs, des commanditaires, etc., et demeure inhospitalière. Il y a toujours quelqu’un qui cherche la bonne entrée sur cette dalle ventée et impersonnelle... Il est vrai que le parti pris architectural - rigidité, monumentalité, froideur - est peu enclin à l’accueil, comme du reste la sévérité du mobilier. On pourrait en dire autant de la Grande Arche, qui ne satisfait que les touristes venus la photographier. On pourrait en dire autant de la place de l’Hôtel de Ville, à Paris, qui mériterait un autre traitement. On pourrait en dire autant des lotissements de maisons individuelles à côté d’Eurodisney (et malheureusement ailleurs...), si inconfortables. On pourrait en dire autant de bon nombre de bâtiments officiels (hôpitaux, universités, crèches, mairies, médiathèques, etc.) qui sont victimes du clonage et se moquent totalement de la valorisation des activités qu’ils doivent abriter.

« le verbe ménager me semble préférable à aménager, car il dit mieux à quel point il faut prendre soin et des gens, des lieux et des choses. Il n’y a pas d’autres moyens pour se dégager de l’emprise des logiques techniques qui s’affrontent en permanence sur le chantier, toujours en activité et à jamais inachevé, de la ville. Capituler face à une de ces logiques c’est renoncer à ménager. »

Louis Kahn posait une question grave et difficile, non pas celle du « pour qui », ou du « comment », encore moins du « combien », mais du « en quoi ». En quoi, cette architecture d’une université, par exemple, honore-t-elle la Connaissance ? La Rencontre entre l’enseignant et l’enseigné ? La Joie d’apprendre à être ? Il en va de même avec l’hôpital, et c’est pour cette raison que l’on cite toujours Alvar Aalto, car il répond à cette délicate question du « en quoi ». De même pour la bibliothèque. On annonce que ces trois institutions vont profondément se transformer avec la généralisation des nouvelles technologies de l’information et qu’elles n’auront pas nécessairement besoin d’un cadre matériel, bâti, que la vidéochirurgie pourra s’effectuer dans des unités mobiles de santé, le télé-enseignement se suffira d’Internet et que les prêts des bibliothèques se feront à domicile après avoir consulté le catalogue sur votre ordinateur (18).

« Louis Kahn posait une question grave et difficile, non pas celle du pour qui, ou du comment, encore moins du combien, mais du en quoi. En quoi, cette architecture d’une université, par exemple, honore-t-elle la Connaissance ? La Rencontre entre l’enseignant et l’enseigné ? La Joie d’apprendre à être ? »

Sans préjuger de la véracité de ces perspectives prospectivistes, je ne peux que réitérer ce souci du ménagement, y compris pour des sites sur la toile des réseaux. C’est précisément l’enjeu de l’accueillance qui pour se déployer librement réclame une forme ad hoc, une ambiance spécifique, un lieu propre. Une salle polyvalente ne peut aucunement résulter d’une approche éthique de l’architecture, mais relève du plus banal fonctionnalisme. C’est là où interviennent le travail, le talent et l’originalité de l’architecte, ou de l’urbaniste ou du paysagiste, cette capacité à mêler l’esthétique, l’économique, le pratique et l’hospitalité. C’est là où l’on distingue le ménagement de l’aménagement, ce dernier étant standardisé et hors lieu. L’aménagement est régulièrement surdimensionné, pas toujours utile et rarement beau. Le ménagement, au contraire, exprime l’amitié qui unit le concepteur, les matériaux utilisés, les usages attendus et le site. Ni trop ni trop peu, en quelque sorte, afin que chaque ingrédient ne se sente pas frustré, dépossédé, stigmatisé, mais associé à une aventure commune. Le ménagement n’est jamais « grand » ou « petit », « ordinaire » ou « sophistiqué », il est ce qu’il faut qu’il soit, la juste mesure (19). Cette juste mesure n’oublie ni le corps humain - dans sa diversité, l’enfant, l’homme et la femme, l’handicapé, la vieille personne, etc. -, ni les rapports entre différentes échelles, afin de les réunir pour les accueillir.

C’est là où interviennent le travail, le talent et l’originalité de l’architecte, ou de l’urbaniste ou du paysagiste, cette capacité à mêler l’esthétique, l’économique, le pratique et l’hospitalité. C’est là où l’on distingue le ménagement de l’aménagement, ce dernier étant standardisé et hors lieu. L’aménagement est régulièrement surdimensionné, pas toujours utile et rarement beau. Le ménagement, au contraire, exprime l’amitié qui unit le concepteur, les matériaux utilisés, les usages attendus et le site. Ni trop ni trop peu, en quelque sorte, afin que chaque ingrédient ne se sente pas frustré, dépossédé, stigmatisé, mais associé à une aventure commune. Le ménagement n’est jamais grand ou petit, ordinaire ou sophistiqué, il est ce qu’il faut qu’il soit, la juste mesure.

« Concrètement, écrit Emmanuel Lévinas, la demeure ne se situe pas dans le monde objectif, mais le monde objectif se situe par rapport à ma demeure. » Plus loin, il précise que « La familiarité du monde, ne résulte pas seulement d’habitudes prises dans ce monde, qui lui enlèvent ses rugosités et qui mesurent l’adaptation du vivant à un monde dont il jouit et dont il se nourrit. » (20) Ainsi, l’hospitalité correspond à l’accueil humain, c’est-à-dire à la reconnaissance avant même l’échange de mot, juste après celui du regard. Cette discrétion est gratuité, cette gratuité est tolérance, cette tolérance est respect, ce respect attend la rencontre, la rencontre est la présence de soi avec l’Autre. La maison, le quartier, la ville, le monde habité (l’écoumène) ne constituent pas un crescendo d’enveloppes vides mais des médiateurs actifs et réactifs à l’existence individuelle et à la vie collective et l’hospitalité, comme le dit justement Henri Gaudin, « n’enferme pas, elle n’abrite pas seulement, elle laisse la limite ne pas avoir de limite, la forme être plus que la forme. » (21). Mais le souci de l’hospitalité de l’architecte et de l’urbaniste ne suffit pas à rendre les habitations et leurs territoires vivables, il faut d’abord et simultanément que le désir de l’Autre se manifeste pleinement. Or, l’apologie de l’individualisme que l’économie globalisée ne cesse de proférer construit des parois étanches entre les individus transformés en consommateurs. La singularité n’est plus exaltée, ni celle de l’être humain, ni celle d’un lieu ou d’une chose, mais au contraire, se trouve glorifier l’équivalent, le « pareil au même », ce qui tasse les différences et élague les particularités.

« Ainsi, l’hospitalité correspond à l’accueil humain, c’est-à-dire à la reconnaissance avant même l’échange de mot, juste après celui du regard. Cette discrétion est gratuité, cette gratuité est tolérance, cette tolérance est respect, ce respect attend la rencontre, la rencontre est la présence de soi avec l’Autre. »

« La singularité n’est plus exaltée, ni celle de l’être humain, ni celle d’un lieu ou d’une chose, mais au contraire, se trouve glorifier l’équivalent, le pareil au même, ce qui tasse les différences et élague les particularités. »

L’architecture, l’urbanisme et le paysagisme n’ont peut-être jamais été aussi politiques (dans le sens de la « chose publique », du « bien commun ») qu’en cette période de l’histoire du monde (22). Face à la montée de l’indifférenciation-à-autrui (le « chacun pour soi » a de beaux jours devant lui et je constate quotidiennement la difficulté que le citadin éprouve à supporter l’Autre, dans le métropolitain ou plus banalement sur la chaussée, quel mépris l’automobiliste manifeste-t-il pour le cycliste, comment les réconcilier, les faire co-habiter ? ), l’urbain - cette ville (?) éparpillée - se présente encore - mais pour combien de temps ? - comme la possibilité d’une accueillance renouvelée. En effet, s’il est illusoire de prétendre réactiver l’agapè des premiers chrétiens, il est par contre concevable d’adapter les nouveaux territoires de l’urbain à l’expérience de l’hospitalité. Une hospitalité qui tienne compte de l’évolution des modes de vie et des nouvelles attentes de populations d’origine, de culture, de genre et de génération différentes. Se pose alors, à nouveau, la question du langage de l’architecture et de l’urbanisme, que disent-ils, que nous disent-ils qui calment nos souffrances et réjouissent nos cœurs ? 

Texte republié avec l’accord de l’auteur
Thierry Paquot (2000), « De l’accueillance. Essai pour une architecture et un urbanisme de l’hospitalité. », in Ethique, architecture, urbain, sous la direction de Thierry Paquot et Chris Younès, « Armillaire », Paris, La Découverte.

Illustration inédite
Nolwenn Auneau et Léa Ravel

Notes

(1) Cf. William James, Principles of Psychology, tome 1, New York, Holt, 1904, cité par T.Todorov, La Vie commune, Seuil, 1995, p.75

(2) Cf. Avishai Margalit, La société décente, Climats, 1999, p21.

(3) Cf. Thierry Paquot, « Pour une philosophie ‘appliquée’ à l’architecture et à l’urbain », Maison-Mégapole, sous la direction de C.Younès, Les éditions de la Passion, 1998 et Demeure terrestre. Pour une philosophie de l’architecture et de l’urbain, Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne, département d’architecture, 2000.

(4) Cf. Politique et Société en Grèce ancienne. Le « modèle » athénien, par Claude Mossé, Aubier, 1995; L’Etranger dans la Grèce antique, par Marie-Françoise Baslez, Les Belles Lettres, 1984; Symbola. Les Etrangers et la Justice dans les cités grecques, par Philippe Gauthier, Presses Universitaires de nancy, 1972 et surtout, La question des étrangers, par Henri Joly, « Etudes platoniciennes », Vrin, 1992.

(5) Cf. opus.cité. p.125

(6) Cf. Platon, Lois, trad. franç. coll. « Budé », Les Belles Lettres, 1951, p.82

(7) Cf. « Pour une théologie de l’hospitalité », par Jean Daniélou, La Vie Spirituelle, n°367, novembre 1951, p.346

(8) Cf. « Eros et agapè : la divine passion d’amour »,par Ysabel de Andia, Communio, n°XIX, 6, novembre-décembre 1994, p.53. Dans le même numéro, l’article de Jacques-Hubert Sautel, « De l’amour au sacrifice : la charité vécue par le Christ », s’inspirant des recherches menées par C.Spicq, indique que l’on dénombre 118 occurrences du mot agapè dans le Nouveau Testament et 144 du verbe agapân, un peu moins pour le dérivé agapetôs.

(9) Cf. « L’hospitalité », Le Courrier de l’Unesco, février 1990

(10) Cf. « Repères pour une herméneutique de l’habitation », par Gabriel Liiceanu, Les symboles du lieu. L’habitation de l’homme, L’Herne, 1983, p.106-107

(11) Cf. Architecture traditionaliste. Les théories et les oeuvres, par Giorgio Pigafetta et Ilaria Abbondanlolo, traduit de l’italien par Caroline Briguglio, Mardaga, Liège, 1999

(12) Cf. Quand le Moderne n’était pas un style mais une cause, par Anatole Kopp, Ecole nationale supérieure des Beaux Arts, 1988 , montre que le combat de ce partisan de Le Corbusier et de la modernité entendue comme un progrès social, est avant tout un engagement politique, à ses yeux, hautement moral. On ne peut pas dénoncer les Modernes sans analyser finement ce qui les anime. Un tel travail n’est pas encore réalisé, de manière satisfaisante.

(13) Cf. Déclin et survie des grandes villes américaines, de Jane Jacobs, est paru en 1961 aux Etats-Unis (la traduction française par Claire Parin, date de 1991, Mardaga, Liège) et a suscité des échanges parfois outranciers avec l’auteur. Il est vrai qu’elle n’y allait pas avec le dos de la cuiller... On lira avec intérêt ses propos dans Urbanisme, n° 308, 1999. Lewis Mumford publie la même année, La Cité à travers l’histoire (traduction française, Seuil, 1964), un an plus tard paraît Le crépuscule des villes de E.A. Gutkink (traduction française Stock, 1966), puis The City is the Frontier de Charles Abrams (Harper & Row Publishers, 1965, New York) et Pour une civilisation urbaine. Solutions au malaise des villes de Wolf Von Eckardt, montage d’études publiées entre 1961 et 1965 dans différentes revues américaines (traduction française, éditions France-Empire, 1975).

(14) Cf. La célèbre conférence de 1951, tant de fois commentée, « Bâtir habiter penser », Essais et Conférences, par Martin Heidegger, traduction française, Gallimard, 1958, où il dit : « L’espace est essentiellement ce qui a été ‘ménagé’, ce que l’on a fait entrer dans sa limite. Ce qui a été ‘ménagé’ est chaque fois doté d’une place et de cette manière insérée, c’est-à-dire rassemblé par un lieu, à savoir par une chose du genre du pont. Il s’ensuit que les espaces reçoivent leur être des lieux et non de « l’espace. », p.183.

(15) Cf. « L’architecture du prendre soin », par Chris Younès, Urbanisme, n°305, 1999

(16) Cf. « L’architecte, l’urbaniste et le citoyen », par Thierry Paquot, Le Monde diplomatique, novembre 1999

(17) Cf. L’Effondrement de la Trés Grande Bibliothèque Nationale de France. Ses causes, ses conséquences, par Jean-Marc Mandosio, Editions de l’Encyclopédie des nuisances, 1999, qui analyse bien la domination de la logique technique - en l’occurence le système informatique - sur l’architecture. Quant à l’urbanisme, il n’est aucunement considéré, ce qui pose d’énormes problèmes à la ZAC, Paris-rive gauche...

(18) Cf. City of Bits, by William Mitchel, MIT Press, 1995

(19) CF. Sur cette question de la « juste mesure », il convient de méditer les travaux essentiels de Philippe Boudon : « Pourquoi l’échelle », « L’échelle comme phénomène » et « Le point de vue de la mesure dans la conception architecturale : De la question de l’échelle à l’échelle comme question », dans De l’architecture à l’épistémologie. La question de l’échelle, sous la direction de Ph.Boudon, PUF, 1991 et Introduction à l’Architecturologie, par Ph.Boudon, Dunod, 1992. On trouvera également de judicieuses remarques sur ce thème dans Architecture, choix ou fatalité, par Léon Krier, Norma, 1996

(20) Cf. Totalité et infini. Essai sur l’extériorité, par Emmanuel Lévinas, coll. « Biblio essais », Le Livre de Poche, 1994, .163 et p.165

(21) CF. Seuil et d’ailleurs, par Henri Gaudin, Les éditions du demi cercle, 1992, p.172

(22) Cf. Le bien commun. Eloge de la solidarité, par Riccardo Petrella, Labor, Bruxelles, 1996; Cybermonde, la politique du pire, par Paul Virilio, Textuel, 1996 et La ville, même petite, par René Schoonbrodt et Luc Maréchal, Labor, Bruxelles, 2000.

Bibliographie indicative

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