Du lisible au visible
« Descendre des étoiles, monter de la Terre » d’Augustin Berque
Martin Paquot | 21 mars 2020
Introduction
Les éditions Éoliennes ont eu la bonne idée de publier la conférence prononcée par Augustin Berque le 19 juin 2018 au CIVA à Ixelles, près de Bruxelles. Le théoricien de la mésologie – l’étude des milieux – s’y inquiète de la prolifération de la starchitecture ou « du courant général d’une architecture indifférente aux lieux où elle s’établit, comme si elle s’y posait en descendant des étoiles. » Cette architecture extra-terrestre est pour lui symptomatique du phénomène de déterrestration de notre société. Pourtant le remède ne serait pas simplement une architecture montant de la Terre, mais plutôt une architecture paysagère qui fait se toucher le ciel et la terre, autrement dit une architecture cosmisée.
« L’être humain ne peut vivre dans de simples parallélépipèdes, parce que l’existence humaine dépasse la géométrie. Elle a besoin d’architecture. » Augustin Berque n’est pas contre l’architecture, bien au contraire, il lui confère une qualité existentielle. Celle-ci est malheureusement mise à mal par l’architecture moderne qui signe le « divorce entre l’être et le lieu » et génère des espaces foutoirs : « l’acosmie proliférant sur toute l’étendue de la Terre ».
Contre ce chaos, il convoque Jakob von Uexküll, Tetsurô Watsuji et Martin Heidegger, et clâme haut et fort notre qualité d’êtres terrestres – la Terre est la demeure humaine – pour lesquels « il n’y a pas de vie possible sur le long terme sinon dans un milieu approprié. » Alors soyons topophiles et respectons « à la fois le sol et l’ouverture, la Terre et les étoiles ».
Augustin Berque (2019), Descendre des étoiles, monder de la Terre : la trajection de l’architecture, Éditions Éoliennes, 80 pages, 9 euros.