L'utopie ou la mort

Non au démembrement de la cité-jardin de la Butte Rouge

Collectif | 19 janvier 2021

Introduction

Les habitants constitués en collectif en appellent aux architectes, urbanistes, sociologues, militants écologistes, acteurs engagés de la société civile et simples citoyens, pour les aider à s'opposer à un projet de transformation qui se soldera par la disparition d'un « grand ensemble » témoin d'une conception humaniste exceptionnelle dans l'histoire de l'habitat populaire en région parisienne.

La cité-jardin de la Butte Rouge à Châtenay-Malabry (92) – plus de 3800 logements répartis dans un écrin de verdure de 70 hectares – est menacée de disparition.

Modèle historique d'urbanisme social et humaniste, cet ensemble d'habitations a été conçu pour les classes populaires sous l'impulsion d'Henri Sellier, administrateur-délégué de l'Office des Habitations à Bon Marché, puis membre du gouvernement du Front Populaire.

Inspirée du mouvement des « cités-jardins », et imaginée par les architectes Paul Sirvin, Joseph Bassompierre, Paul de Rutte, André Arfvison, et le paysagiste André Riousse, sa construction s’est échelonnée en 7 tranches entre 1931 et 1965.

Citée en référence dans les écoles d’urbanisme et d’architecture, et visitée à ce titre par des étudiants du monde entier, la cité-jardin de la Butte Rouge est un modèle vivant d’urbanisme populaire.

Inscrite à l'inventaire général du patrimoine culturel du XXe siècle, la cité-jardin a fait l'objet d'une demande de classement au titre des « sites patrimoniaux remarquables », fin 2017. Pour autant, elle ne bénéficie à ce jour d'aucune protection.

« Grand ensemble » de faible densité, composé de bâtiments de petite dimension, de jardins ouvriers, de places, d’espaces verts et de services publics, la cité-jardin de la Butte Rouge permet aujourd'hui à plus de 9000 habitants aux  revenus modestes de vivre dans un cadre de vie dont la composition urbanistique et paysagère aurait pu être qualifiée, avant l’heure, de véritable « éco-quartier ».

La municipalité de Châtenay-Malabry et l'OPHLM argumentent de l’absence de mixité pour détruire un tiers de la cité afin d’y construire des logements en accession à la propriété, et réhabiliter un autre tiers en rehaussant le bâti et en augmentant les loyers du simple au double. Seul le dernier tiers serait maintenu dans la catégorie de logements sociaux qui est celle de toute la cité aujourd’hui.

Les cités-jardins sont le témoignage vivant d’une conception architecturale et urbaine qu’il s’agit de faire vivre, et non pas de détruire, réduire ou « muséifier ».

30 ans après le dernier chantier de travaux menés de manière erratique (1984-1994), la cité-jardin de la Butte Rouge a en effet vieilli et a besoin d’une réhabilitation de son bâti.

Nous souhaitons que cette réhabilitation soit douce et exemplaire, sans démolitions, en préservant l’architecture extérieure, les espaces verts et l’alignement des rues, sans hausses de loyer, en concertation avec les habitants actuels, dans le respect de leurs souhaits et intérêts.

Au-delà, le projet de démembrement de la cité-jardin de la Butte Rouge soulève des questions éthiques, politiques et sociales auxquelles nous vous invitons à réfléchir.

Nous pensons pour notre part, qu’il est nécessaire de préserver au sein de nos villes des espaces qui permettent aux catégories sociales les moins aisées de bénéficier d’un cadre de vie qui favorise un épanouissement social qui ne saurait être réservé aux classes moyennes et supérieures.

Nous pensons que la précarité socio-professionnelle des catégories les plus populaires ne doit pas s’accompagner de leur bannissement du « Grand Paris » .

C’est pourquoi nous vous invitons à signer cet appel et à le relayer dans vos réseaux.

Les habitants de la Cité-Jardin de la Butte Rouge

Membres du Collectif Butte Rouge
(collectif.butterouge@laposte.net)