Introduction

Depuis quelques années, la marche s’affirme comme le moyen sensible d’appréhender un territoire et offre une perspective d’adhérence véritable aux lieux. La démarche de Jean-François Pirson, qui fait l’objet de cette monographie, se distingue par l’engagement non seulement des pieds et des jambes mais du corps tout entier dans l’approche d’un territoire.

« J’ouvre un chemin que j’invente. Je le trace et le parcours par morceaux. Quelques jours avant la marche je le reprends d’une traite, dans un rythme relativement rapide et fluide pour qu’il devienne bloc. Alors, je danse. »

En introduction, le cheminement personnel de Jean-François Pirson, architecte de formation, artiste-pédagogue, ainsi que sa découverte de la kinesthésie comme sens prédominant sont décrites. On comprend alors ce qui constituera la matière de son travail et de ce livre : le dessin, le mouvement, la pédagogie. Les marches et workshops qu’il a produits de 2008 à 2020 sont ensuite expliquées, les partitions imaginées sont détaillées, l’environnement des marches dépeint et les ressentis des participants rapportés, révélant ainsi au lecteur le sens et la richesse de telles expérimentations spatiales et sensorielles. Le lecteur devient un de ces arpenteurs ou arpenteuses, marcheurs ou marcheuses, qui accompagnent Jean-François Pirson dans ces moments qui n’ont, décidément, rien à voir avec les balades du dimanche, les visites guidées, les promenades urbaines, les sentiers métropolitains…

La pratique physique se complète toujours d’une pratique plastique, que ce soit dans la préparation ou la transcription des marches et workshops organisés. La nécessité de traduire et d’exprimer plastiquement la perception d’un territoire par le dessin, la cartographie, la danse, la collecte d’objets est une manière pour Jean-François Pirson d’habiter pleinement les lieux et d’en prendre soin. D’ailleurs, photographies, cartes, dessins et textes se côtoient à égalité tout au long de l’ouvrage, et rendent compte de la diversité des échelles travaillées : le territoire, l’atelier, l’objet, la page, et évidemment le corps. De la plante des pieds à la paume des mains, c’est tout le corps qui s’engage dans l’espace chez Jean-François Pirson.

« Les textes lus, écrit-il, offrent une matière à ruminer lors des marches, un levier pour entamer une nouvelle action ou le plaisir d’entendre la voix d’un auteur. » C’est donc avec ses mots plein la tête que nous irons prochainement fouler la terre.