Introduction

L’auteur, l’architecte-urbaniste Philippe Madec, prône une architecture basée sur l’amour de l’être humain, qu’il définit comme « une installation de la vie par une matière disposée avec bienveillance ». Il enjoint les bâtisseurs à faire Mieux avec moins, en établissant une « relation fructueuse à la nature ». Nature, qui par essence, « freine les excès de l’intérieur et n’utilise que l’énergie dont elle a besoin ».

Ce livre, constitué en neuf chapitres, se scinde en réalité en deux parties. D’abord vient le temps du constat, sombre, qui permet de recontextualiser le message : impact dévastateur des activités humaines sur le changement climatique, conséquences de celui-ci sur nos modes de vie, dénonciation des effets du modernisme et du capitalisme industriel… Il est très justement résumé à quel point les choix des bâtisseurs, en termes d’utilisation des ressources, ont un impact sur l’environnement et les sociétés. L’objectif est clair : ouvrir les yeux pour ne plus se soustraire à ses responsabilités.  

Après cette entrée en matière, vient le temps d’évoquer les « bonnes nouvelles » et les solutions à notre disposition. L’auteur nous montre que des changements, à plus ou moins grande échelle, sont déjà présents autour de nous, qu’ils soient portés par les citoyens, les politiques mais aussi les bâtisseurs eux-mêmes. Il met en avant le rôle de la jeunesse et des femmes dans ces transformations sociétales et souligne l’importance de l’intelligence collective.

«  Nous qui avons tant consommé, tant gaspillé pour tant jeter, apprenons à faire mieux avec moins. Suivons les leçons de la nature qui est frugale ; elle ne consomme pas plus de ressources que ce dont elle a besoin. »

Philippe Madec

Côté solutions, il s’agit de faire place à l’ingéniosité innée qui caractérise l’être humain, en profitant des richesses offertes par la nature et en considérant que la rareté des ressources est une opportunité pour s’émanciper et innover. Tous les principes de bon sens se rejoignent : la frugalité heureuse, le ménagement, le low-tech, le réemploi, les matériaux bio et géosourcés, le bioclimatisme, la ventilation naturelle, ou encore la phytoremédiation, par exemple.  Il convient également de s’interroger : faut-il construire, détruire, réhabiliter ? Si l’on doit construire, alors faisons-le de manière frugale, avec une vision prospective, afin de cesser de livrer des bâtiments « périmés ». Si l’on doit « réhabiliter le monde déjà là, la vision holistique s’impose : sociale, culturelle, spatiale, technique ». Ainsi, Philippe Madec cherche à nous projeter dans un futur désirable.

Pour les bâtisseurs dont le point de vue est assez éloigné de celui de l’auteur, c’est à la fois l’opportunité de mieux saisir leur impact sur le monde et de mieux comprendre ce que veulent les glaneurs et glaneuses participant au mouvement pour une frugalité heureuse et créative. Quant aux étudiants en architecture notamment, lire Mieux avec Moins leur permettrait d’enrichir leurs propres réflexions et pourquoi pas, de questionner leurs futures pratiques.

Toujours dans l’objectif de faire « mieux avec moins », soulignons également la parution de Commune frugale, édité au nom du mouvement Frugalité Heureuse et Créative, initié par Philippe Madec avec Alain Bornarel et Dominique Gauzin-Müller. À travers ce manifeste, le mouvement « propose de réinventer l’avenir des communes et, par pensée fractale, celui des territoires et des établissements humains ». De ce travail collectif ressortent quatre engagements pour une « révolution du ménagement » : (s') engager / contenter / réhabiliter / ménager. Ces thématiques sont déclinées en trente principes explicités au fil de la lecture, qui doivent être diffusés auprès des acteurs de la fabrique des territoires et particulièrement, des élus locaux. En somme, des réflexions à partager !