L'utopie ou la mort

ENSA = École Nationale Sans Avenir

Collectif | 22 février 2023

Introduction

À l’attention de Madame la Ministre de la Culture

Rouen, le 17 février 2023

La situation est critique ! Ce semestre, l’ENSA Normandie n’a pas pu faire sa rentrée, en cause ? Un personnel administratif décimé par les burnouts, conséquence de la charge critique de travail qui leur est imposée, et qui n’est pas remplacée faute de moyens. Mais ce n’est que le point de rupture d’une situation qui s’est installée depuis des années, tant ici, que dans les autres ENSAs : Des enseignant·e·s, sous-payé·e·s, avec des emplois précaires, des moyens financiers dérisoires qui ne permettent pas de construire une pédagogie satisfaisante (voyages pédagogiques, manque d’enseignants etc.) et un résultat final qui se ressent sur les étudiant·e·s qui voient la qualité de leur formation dévaluée et leur charge mentale augmentée. Pas d’illusions, cette situation s’inscrit dans un climat plus global, où l’on assiste à une dégradation de nos institutions publiques et en particulier de l’enseignement. En effet pour tenter de pallier tant bien que mal le fait que l’État n’assure plus sa mission d’un enseignement libre, gratuit et qualitatif pour tous·tes, l’ENSAN doit se lancer dans des politiques partenariales qui, non-contentes d’alourdir le travail des administratif·ve·s et des enseignant·e·s, amoindrissent la liberté et la qualité des enseignements et font planer le risque d’une privatisation prochaine de la formation qui serait plus que dommageable. Cette situation ne peut durer plus longtemps !

Que demande ici l'assemblée générale de l'ENSAN ? Tout simplement que les moyens affectés à notre établissement soient à la hauteur des enjeux qui l’attendent. Nos financements doivent être alignés sur ceux des établissements qui proposent des formations comparables et qui forment les personnes avec qui les architectes de demain seront tantôt en collaboration, tantôt en concurrence (écoles d’ingénieurs principalement) et ce dans un souci évident d’équité. Les ENSAs ne peuvent plus être le parent pauvre de la culture et de l’enseignement supérieur, d’autant plus lorsqu’on sait à quel point le ministère de la Culture aime à promouvoir la place de l’architecture dans sa communication, tout en sapant les fondements de son enseignement. Nous demandons le doublement de nos moyens, tant financiers qu’humains (et pas avec des emplois précaires, indignes des personnes à qui on les propose). Et c’est là être tout à fait raisonnable car on n'atteindrait toujours pas les moyens investis dans d’autres formations (Ingénieurs, Prépas, etc.). Une politique de rééquilibrage entre ENSAs n’est pas envisageable pour la pérennité de nos formations. En effet, un nivellement par le bas, dans un enseignement supérieur toujours plus mis à mal, ne ferait que renforcer une précarité déjà trop présente.

Les ENSAs étant placées sous la double tutelle du Ministère de la Culture et du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, notre demande de financement complémentaire et durable leur est conjointement adressée. Au-delà, l’État doit, aujourd’hui, prendre ses responsabilités. Si les étudiant·e·s en architecture, seront demain des acteur·ice·s centraux de la transition énergétique, de l’aménagement du territoire et de la préservation du patrimoine, alors il n’est plus possible de continuer à négliger leur formation. Dans ce contexte, il paraît plus que cohérent d’en appeler au Ministère de la Transition Écologique dont le rôle est de nous assurer un avenir durable, l’architecte étant indiscutablement un·e acteur·ice majeur·e de cet avenir.

L’Assemblée générale de l’ENSA Normandie et le Collectif ENSA en Lutte