Introduction
Si le soin est dorénavant sur toutes les lèvres et dans tous les gestes, cela fait quelques décennies qu’un courant de pensées issu du féminisme anglo-saxon théorise le care avec une pertinence chaque jour accrue par la révélation de notre vulnérabilité et de la nécessité de réparer le monde. Joan Tronto, figure de cette éthique du care, lui confère une dimension politique : le care plutôt que la production devrait être au centre de notre vie ! Dans le texte qui suit, inédit en français, elle applique son éthique à l’architecture – cette matérialisation du pouvoir – et nous invite à « ne plus considérer les bâtiments comme des ‘choses’ mais comme un tissu de relations continues – dans le temps et dans l’espace – avec un environnement, des individus, une faune et une flore ». En écho aux réflexions du philosophe de l’urbain Thierry Paquot, nous proposons de traduire care par ménager plutôt que par l’usuel prendre soin qui n’est qu’un des cinq aspects du care tel que défini par Joan Tronto.
Qu’exigeraient une architecture et un urbanisme du ménagement ? Il n’est pas question ici d’une meilleure conception ni des soi-disant établissements de « santé », ni des hôpitaux ou des résidences pour personnes âgées. Suivre les voies du care ouvertes par les féministes de la génération passée nécessite de considérer d’une toute autre façon les rapports entre l’environnement bâti, la nature et les êtres humains. Adopter le care comme concept central des disciplines de l’architecture et de l’urbanisme implique une réorientation radicale.
Le point de départ de ce tournant est d’appréhender l’architecture comme une matérialisation du pouvoir. Si l’architecture est bien sûr un mode d’expression artistique, une science appliquée à la création de structures et d’environnements bâtis, elle est aussi une manifestation ultime du pouvoir de l’Homme. Lorsque les architectes expriment des idées, ils le font souvent d’une manière qui réclame l’affectation d’immenses ressources humaines et matérielles. De tout temps et en toute civilisation, l’œuvre architecturale a incarné la puissance du pouvoir. Selon la Torah et l’Ancien Testament, la première construction édifiée par les Hommes pour se donner des airs divins fut une tour. Dieu en prit ombrage et confondit leur langage afin qu’ils ne puissent plus, aussi efficacement, accroître leur pouvoir collectif. Que leur Dieu considère la Tour de Babel comme un affront à son autorité divine, nous apprend beaucoup sur la permanence, la solidité et la concentration du pouvoir, inscrites dans l’environnement bâti créé par les architectes.
Parce que leur travail demande généralement d’immenses ressources, les architectes ont souvent été au service des goûts et des intérêts des plus puissants, leurs commanditaires. Des époques entières sont illustrées par des constructions importantes : barrages, plans de villes, cathédrales, châteaux, gratte-ciel, stades, ponts, villas sur catalogue, ensembles de logements sociaux, ou jardins. Souvent l’objectif est d’intimider ou de contrôler ceux qui vivent à l’intérieur ou à proximité de ces réalisations. En tant que système économique générant d’importantes disparités de richesses, le capitalisme a récompensé les architectes et urbanistes acquis à ses valeurs : exhibitions de richesses colossales, hymnes à la consommation, usines plus efficaces et, à l’ère néolibérale, urbanisme sélectif qui répartit les populations dans les quartiers selon le bon vouloir du capital. Certaines décisions semblent résulter d’un violent mépris. Par exemple, la magnifique structure en verre du nouveau stade de football américain de Minneapolis (Minnesota) construit en 2017, présente un danger évident pour les oiseaux migrateurs. Malgré un budget de 1,1 milliard de dollars dont 500 millions provenant de fonds publics, ses constructeurs ont refusé de mettre en œuvre pour 1 million de plus un vitrage plus respectueux des oiseaux (1). Dans d’autres cas, architectes et constructeurs adoptent des postures plus bienveillantes aux différentes formes de vie présentes dans leur environnement, parfois, d’eux-mêmes, ils suggèrent des parcs publics, des logements accessibles, des ruelles accueillantes...
Il ne s’agit pas de dire que les architectes et urbanistes contemporains ne ménagent pas les choses et les êtres mais de dire qu’ils les ménagent mal. S’ils font attention à certaines choses, ce n’est pas souvent aux bonnes. Quand les féministes ont commencé à écrire sur le care, elles l’ont fait à partir des cadres qu’elles connaissaient le mieux, soit, ordinairement, la sollicitude envers les personnes vulnérables telles que les enfants, les malades et les personnes âgées. Mais à mesure de l’avancement de leurs recherches, les théoriciennes du care ont reconnu d’autres formes de ménagement communément associées aux hommes : celles liées à la protection et à la production (2). Elles décrivent le fait que les hommes travaillent et ramènent leur paie à la maison comme une de ces formes. Cependant l’argent en lui-même ne relève pas du ménagement ; il doit être transformé en vêtements propres, en nourriture saine, en un lieu de vie sûr et agréable (3). Cela implique une relation suivie avec ceux dont on prend soin. Si les bâtiments protègent les gens des intempéries, ils n’en prennent pas soin par eux-mêmes. Que se passe-t-il à l'intérieur du bâtiment ? Comment s'intègre-t-il dans son contexte ? Comment est-il construit ? Qui va-t-il abriter ou déplacer ? Tous ces aspects influent fondamentalement sur la nature du ménagement dispensé par le bâtiment. Le plus souvent, donc, les architectes et les urbanistes se soucient du monde dans la perspective de mettre des « choses » au service d’opinions particulières, notamment celles du pouvoir et du capital. Rappelez-vous comme certains architectes modernistes se sont lamentés que l’apparence soignée de leurs bâtiments serait ruinée par les habitants qui les occuperaient : « Mies van der Rohe comprend que la géométrie de son bâtiment serait parfaite jusqu'à ce que les gens entrent dans l’équation. »
L’architecture du ménagement ne s’identifie pas à l’architecture durable, aussi importante soit-elle (5). Celle-ci apparaît dans les années 1980 comme une tentative de rendre l’architecture plus sensible à son impact environnemental (6). Mais à mesure de son institutionnalisation, ses normes se sont polarisées sur les choses. Elle s’est focalisée sur les matériaux utilisés et a davantage réussi à mesurer ce qui intègre le bâtiment qu’à en surveiller ses impacts. Parce que le ménagement valorise les processus et les relations qui se déploient dans un va-et-vient dans le temps, ainsi que toutes les interrelations créées, appliquer les théories du care à l’architecture implique un changement fondamental de perspective : le ménagement ne voit pas ces « choses » réalisées – bâtiment, parcs, zones urbaines, etc. – comme (son) objet. Tout commence avec la responsabilité de ménager, non seulement cette « chose », son créateur, constructeur ou commanditaire, mais aussi toutes celles et ceux qui sont impliqués. Par exemple, qu’arrive-t-il aux gens, aux magasins, aux biens, aux communautés déplacées pour laisser la place à un parc ? Qui occupera cet espace à l’avenir ? Comment les matériaux ont-ils été produits ? (Les normes LEED sont-elles parfois manipulées ?) Qui nettoiera et prendra soin de ce bâtiment, cette rue, cette infrastructure ? A-t-elle été construite pour durer ou pour rester debout le temps que le constructeur ne soit plus tenu responsable des défauts de mise en œuvre ? Alors que quelques chercheurs en architecture commencent à s'intéresser à ces questions (7), nous devons savoir ce que signifierait d’avoir une approche aussi intégrée et attentionnée de l'architecture ?
C’est là qu’une démarche relationnelle et critique du ménagement, inspirée par la pensée féministe, bouleverse notre perspective. Ne plus considérer les bâtiments comme des « choses » mais comme un tissu de relations continues – dans le temps et dans l’espace – avec un environnement, des individus, une faune et une flore, transforme fondamentalement l’intention architecturale.
Voici une humble requête aux architectes d’aujourd’hui et de demain : notre planète brisée a besoin d’une architecture du ménagement. Au-delà de « ce que veut le client », au-delà de l'architecture « verte » ou « durable », au-delà de construire un bel objet, nous avons dorénavant besoin d’une architecture qui s’acquitte de son rôle élémentaire dans notre responsabilité partagée de prendre soin du monde, une architecture qui soit sensible aux mérites de la réparation, de la préservation,du maintien de toutes les formes de vie et de la planète elle-même.
Comment alors parvenir à une architecture du ménagement ? D’abord nous devons définir le care ; ensuite nous devons voir comment cela pourrait offrir un paradigme relationnel alternatif. Définir le care est difficile ; ce terme a de nombreuses significations. Il y a quelques années, ma consœur Berenice Fisher et moi-même écrivions :
« Dans son sens le plus général, nous suggérons que le care soit considéré comme une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre ‘monde’, de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde comprend nos corps, nous-mêmes et notre environnement, tous éléments que nous cherchons à relier en un réseau complexe, en soutien à la vie. »
Fisher et Tronto, 1991, p 40 – Joan Tronto, Un monde vulnérable, La Découverte, 2009, p.143 (8)
Cette définition déçoit souvent, car elle est trop ouverte et ne spécifie pas bien ce qui relève ou non du care. Elle est volontairement générale. La pensée occidentale est parvenue à placer la production au centre de la vie humaine et à repousser le ménagement à la marge. Notre objectif en définissant si largement le care était en partie de montrer qu’il était présent partout, dans presque tous les aspects de nos vies. Cependant, il existe plusieurs manières d’identifier où et comment il intervient.
Premièrement, la plupart des activités n’appartiennent pas à ce « sens très général », aussi doit-on envisager des pratiques plus spécifiques. Certaines sont « imbriquées » pour aboutir à des formes plus globales. Tout comme construire nécessite l’assemblage d’éléments de structure, de plomberie, d’électricité, de menuiserie, etc. pour aboutir à un bâtiment ; tout comme chacune de ces activités doit être réalisée selon ses propres normes afin de rendre l’ensemble cohérent, il en va de même pour le monde du ménagement où de nombreuses pratiques s’entremêlent. Élever des enfants diffère de se soucier d’un adulte, qui n’est pas non plus équivalent à veiller sur des parents âgés. Le nettoyage de la maison, par exemple, est imbriqué dans ces pratiques. Néanmoins, le but du ménagement, à ce niveau-là, revient à s’assurer que ces éléments s’entrelacent en un tissu relationnel vital.
Deuxièmement, ménager est toujours une activité, une pratique. Lorsque les gens commencent à y réfléchir, ils se considèrent souvent comme ménageurs ou ménagés. Mais il est important pour nous de reconnaître que les êtres humains, les animaux, les plantes et toutes choses naturelles et artificielles sont également enchevêtrées dans le ménagement. Considérant que le ménagement est action, il est parfois difficile pour certains d’accepter que le fait d’en bénéficier en est aussi un aspect essentiel.
Troisièmement, cette définition établit un horizon pour évaluer le ménagement : « afin que nous puissions vivre [dans le monde] aussi bien que possible ». Ce que cette finalité englobe, varie évidemment selon la décision de chaque communauté constitutive du « nous ». Chaque société s’engage dans des activités de ménagement en fonction de sa définition du « aussi bien que possible ». Évaluer s’il survient bien ou mal, revient alors à porter attention à la finalité, à la fois du bien vivre et du ménagement. Cette préoccupation s’avère alors hautement politique. Ce dont on se soucie détermine le type de société que nous constituons.
À partir de cette définition du care, nous avions également énoncé quatre aspects essentiels : faire attention à(caring about) ; prendre soin de (caring for) ; donner(care giving) et recevoir(care receiving). En 2013, j’en ai ajouté un cinquième : rendre (caring with). Ces cinq caractéristiques méritent d'être développées et, ce faisant, nous commençons à percevoir l’importance d’une manière relationnelle de penser le ménagement dans l’architecture.
Mais avant, nous devons également noter que le ménagement s’échappe de la pensée féministe pour une raison particulière. Il a pu sembler jusqu’à présent qu’il était une activité féminine douce et sentimentale. En effet dans la pensée occidentale, les discours du ménagement ont majoritairement été utilisés pour décrire des processus féminisés de reproduction dans la vie privée ordinaire. Si par certains aspects ils relèvent en effet de ces sentiments, les aspects suivants – ce dont il faut se soucier, comment en prendre soin, qui effectuera le réel travail du care, comment l’évaluer et comment le transformer en modèle collectif ? – sont indéniablement une question de pouvoir et de volonté politique. À ce stade, décider de qui, de quoi et comment prendre soin est hautement controversé. Si ménager signifie seulement protéger les intérêts des riches, il en résultera une architecture différente de celle conçue pour réparer le monde. Ménager pour réparer notre monde brisé nourrit les arguments politiques d’une telle architecture. Reprenons ces différentes phases du care et voyons comment elles modifient notre approche de l’architecture.
Caring about – faire attention à signifie que nous sommes attentifs aux besoins auxquels il faut répondre. Avant que tout processus de ménagement puisse commencer, il nous faut en reconnaître la nécessité. C’est une tâche plus difficile qu’il n’y paraît à première vue : certains besoins sont rendus difficiles à voir ou délibérément ignorés. L’une des façons dont les espaces néolibéraux s’organisent est de séparer les personnes par classe afin que les riches ne rencontrent que rarement leurs voisins plus pauvres et leurs besoins (9). Même si les besoins sont reconnus, ils sont souvent en conflit entre eux. Lesquels besoins devraient être prioritaires ? Ceux des riches – leurs « besoins » d’immenses maisons étalées sur leurs grandes pelouses au carré – devraient-ils compter davantage que ceux des agriculteurs, des moins riches, de la Terre elle-même ?
Caring for – prendre soin de concerne l’acceptation et la répartition des responsabilités. Une fois que l’on a constaté un besoin de ménagement, quelqu’un doit intervenir et revendiquer cette responsabilité, ou déterminer qui d’autre pourrait prendre cette responsabilité. Passer devant un sans-abri dans la rue est un moyen d’éviter la responsabilité. Mais que doit-on faire? Jeter un peu d’argent dans le gobelet qu’il nous tend ? Le ramener à la maison ? Appeler la police ? Militer pour davantage de logements pour les pauvres ? Décider d’agir et de répondre à ces besoins non satisfaits est un autre aspect crucial du ménagement. Pour les architectes, caring for impliquerait d’assumer la responsabilité de l’ensemble du processus de construction. Les architectes devraient assumer la responsabilité non seulement de la manière dont les matériaux sont obtenus et transportés – et de leur impact environnemental – mais aussi de ce qui est déplacé, et de la façon dont le bâtiment sera entretenu. En construisant leur stade de football, l’équipe des Vikings ont ignoré l’impact de leur bâtiment en verre sur les oiseaux migrateurs et, lorsque les dangers leur ont été signalés, ont refusé d’assumer la responsabilité de la situation. À quel moment excusons-nous les constructeurs des conséquences de leurs décisions ? Une architecture concentrée sur le ménagement approfondirait ces questions et attribuerait également la responsabilité des effets involontaires.
Care giving – donner des soins exige une attention aux actes réels du ménagement. Pendant la construction, les travailleurs sont-ils protégés ? Human Rights Watch a publié en 2017 un rapport très critique sur le traitement des ouvriers du bâtiment travaillant au Qatar sur les stades de football pour la Coupe du Monde de la FIFA 2022 (10). Si un bâtiment est censé offrir un refuge, comment le fait-il ? Comment les matériaux et les ouvriers sont-ils choisis, transportés, utilisés ?
Care receiving – recevoir des soins. Quand la phase de care giving est achevée, que se passe-t-il ensuite ? Parce que le ménagement se perpétue, tout ce qui est impliqué dans son processus sera affecté et transformé d’une façon ou d’une autre par celui-ci. Dans quelle mesure les besoins à l’origine du processus ont-ils été satisfaits ? Différents participants peuvent décider que le processus a bien ou mal fonctionné. Dans les bâtiments et les lotissements, il est nécessaire de mettre en place une forme d’évaluation continue. Comment le bâtiment supporte-t-il l’épreuve du temps ? Qui paie les réparations ? Quels types d’activités et de responsabilités les utilisateurs devraient-ils prendre ? À ce stade, recevoir des soins exige que l’on remarque quels besoins supplémentaires pourraient être générés par le fait de s’être soucié de. Et ainsi le processus recommence avec la prise en compte des aspirations et des responsabilités et l’acte lui-même.
Caring With – rendre. La nature récurrente du ménagement soulève un autre ensemble de préoccupations. Est-il fiable dans le temps ? Quand leurs besoins sont satisfaits de manière stable dans le temps, les personnes peuvent développer une appréciation pour ceux autour d’eux qui fournissent ce ménagement répété. Dans de tels cas, il devient un moyen de favoriser la solidarité et la confiance entre les personnes. De telles solidarité et confiance ont un effet salutaire : elles rendent plus probable que les ménagés d’hier deviennent par réciprocité les ménageurs de demain. De cette façon, malgré le fait que le ménagement parte de besoins asymétriques, les personnes peuvent être en mesure de voir comment leur participation à ces boucles continues les rendent in fine plus égaux. La réciprocité rend plus probable que les gens reconnaissent les besoins, prennent la responsabilité des besoins des autres, s’engagent à donner des soins, et soient lucides sur l’effectivité du ménagement. Celles et ceux qui vivent dans des communautés où le ménagement fait partie de leur vie collective quotidienne se sentent plus en sécurité et font davantage attention à leur environnement.
Bien sûr, si certains ne voient pas ou ne comprennent pas le ménagement qu'ils reçoivent, ou le sous-évaluent, un tel ménagement ne se développera pas.
Cela nous conduit à reconnaître un dernier point, à mes yeux, essentiel : tout comme l'architecture est une question de pouvoir, toutes les formes de ménagement regorgent de relations de pouvoir. Habituellement, ceux qui ont des besoins sont dans une situation subordonnée, mais ce n'est pas toujours le cas. Voici donc que se profile la question incontournable : Comment pouvons-nous consacrer notre pouvoir à ménager notre planète brisée ? Les architectes et les urbanistes fourniront sûrement une partie essentielle de la réponse s'ils s’en soucient suffisamment pour essayer.
Traduit de l’anglais par Joanne Massoubre et Martin Paquot, avec l’autorisation de Joan Tronto.
Joan Tronto « Caring Architecture », in Critical Care, architecture and urbanism for a broken planet, Angelika Fitz and Elke Krasky Editors, MIT PRESS, 2020.
Topophile remercie Joanne Massoubre d'avoir porté ce texte à son attention.
Notes
(1) Josh Peter, « Site Super Bowl LII is a death trap for birds », USA Today, January 21, 2018.
(2) Joan C. Tronto, Caring Democracy: Markets, Equality and Justice (New York: NYU Press, 2013.
(3) Batya Weinbaum and Amy Bridges, « The Other Side of the Paycheck: Monopoly Capital and the Structure of Consumption », in Zillah R. Eisenstein (ed.), Capitalist Patriarchy and the Case for Socialist Feminism, Monthly Review Press, 1979.
(4) Andrew S. Dolkart, « The Architecture and Development of New York City: The Birth of the Skyscraper »,in Digital Knowledge Ventures, Columbia University, 2003.
(5) David Gissen, Big and Green: Toward Sustainable Architecture in the 21st Century, Princeton Architectural Press, 2002.
(6) Brian J. Barth, « The Past, Present and Future of Sustainable Architecture », in Pacific Standards, June 13, 2018.
(7) Nina Rappaport, « Real Time/Implication for Production Spaces », in ACADIA Conference reform, Building for a Better Tomorrow, Chicago, October 22-25 2009 & Nina Rappaport, « Preserving modern architecture in the US » in Allen Cunningham (ed.), Modern Movement Heritage, E & FN Spon, 1998.
(8) Joan C. Tronto and Berenice Fisher, « Toward a Feminist Theory of Caring » in Emily K. Abel and Margareth K. Nelson (eds.), Circles of Care, SUNY Press, 1990.
(9) Katherine Boo, Behind the Beautiful Forevers: Life, Death, and Hope in a Mumbai Undercity, Random house, 2012.
(10) David Conn, « Thousands of Qatar World Cup workers subjected to life threatening heat », in The Guardian, September 27, 2017.